Officiellement aujourd’hui, seulement deux millions de variétés de plantes ont été répertoriées sur Terre. On estime qu’il en existerait en réalité entre huit et vingt millions…

Ces dernières années, les plantes sont devenues tendance dans nos intérieurs et dans nos jardins, les rayons des jardineries et des commerces en ligne pullulent de modèles colorés et exotiques : plantes grasses ; cactus ; ficus ; monstera ou encore aloe vera. Un large choix est proposé au consommateur final qui est volontiers passé à la génération “green”.

L’évolution de nos intérieurs fait écho aux révolutions des modes de vie auxquelles nous avons dû faire face, notamment en lien avec les préoccupations écologiques. En 2020, le confinement forcé par la Covid 19 a permis aux végétaux de devenir un accessoire prisé de la décoration et du bien-être chez soi. Pour les entreprises, orner les bureaux avec des est devenu courant une pratique courante, comme un totem du bien-être au travail.

Outre cette accessoirisation esthétique des plantes, le passage au “green living” s’est fait de plus en plus ressentir dans les métropoles, notamment avec les projets urbains qui repensent les espaces de vie collective. Un rythme urbain trop cadencé par la vie économique, et le progrès technologique semble moins attractif au regard des consciences collectives.

Mais alors, que peuvent nous apprendre les plantes sur la vie et le bon vivre ?

Les plantes représentent aujourd’hui une sorte de dernier garde-fou de la Nature. Elles sont omniprésentes dans nos vies, mais nous omettons de les considérer au quotidien, trop absorbés par nos tâches routinières (Travail, famille, transports, sorties, etc). Pourtant, en arrière-plan de notre existence, le processus de photosynthèse représenterait sûrement l’avenir de la Terre d’un point de vue écologique… Alors que la concentration de CO2 dans la planète a augmenté de 30% en un siècle seulement, entraînant des bouleversements climatiques majeurs, les végétaux travaillent pour absorber quotidiennement ce gaz carbonique en grandes quantités. En effet, en utilisant l'énergie solaire, le dioxyde de carbone et l’hydrogène, les plantes “recrachent” en quelque sorte de l’oxygène dans l’environnement. Par ce procédé naturel, chaque année, les plantes absorberaient environ 20 milliards de tonnes de carbone, et les algues environ 15 milliards... Et ce chiffre, selon certains scientifiques, augmente proportionnellement à la quantité de dioxyde de carbone disponible dans l’air, car les plantes s’adaptent à notre activité. Abandonnons-nous maintenant à quelques errances spirituelles et poétiques. Lorsque nous nous asseyons dans un endroit calme, en bordure de rivière par exemple, entouré d'une nature luxuriante, le silence apaisant qui se manifeste en nous ne serait-il pas une révélation puissante de la vie qui s’écoule en nous ? Le rythme de ce silence, si nous devions le qualifier simplement, est doux. Ce rythme est cadencé par l’apport en eau, ingrédient indispensable à la vie.

Observer la vie des plantes nous fait prendre conscience de la vacuité qui est à chaque instant en nous : une porte vers un espace sans limite. Si nous observons les végétaux avec une attention profonde, nous pouvons presque nous rendre compte que nous ne sommes rien, pas même un observateur qui regarde s’écouler les saisons. Si nous devions être quelque chose ; quelqu’un ; nous serions peut-être seulement une graine de conscience connectée à l’Univers. Et seulement cela.

Le secret des plantes, s’il n’y en avait qu’un, serait leur alignement avec les cycles de la vie. Au lieu de s’ériger, s’identifier, et s’imposer comme nous le faisons, elles s’adaptent là où il est possible de le faire et acceptent de s’éteindre lorsqu’il est nécessaire de le faire.

Nous vivons dans un monde où ces cycles naturels ont été négligés voire bafoués. Le vide créé par ce désalignement avec la Nature et avec soi-même a été comblé rapidement par la fuite vers l’extérieur, dans l’évolution économique, dans l’évolution technologique, dans l’évolution scientifique, voire dans l’évolution sociale. Malheureusement, l’évolution spirituelle s’est atrophiée. Notre dette spirituelle est si vaste que les maigres progrès récents pour démocratiser des courants “ésotériques” isolés sont insuffisants pour la réduire à ce jour.

L’esprit humain a tant besoin de cette prise de conscience aujourd’hui. Pourtant, il cherche partout sauf à l’intérieur de lui-même. Ne pas s’écouter, ne pas écouter ce silence réparateur et emprunté de magie, c’est se renier totalement en tant qu’être. C’est faire fi de la nature magnifique dont nous sommes dotée. C’est oublier…

Comment oublier à jamais quelqu'un qu'on aime depuis toujours ?
(Marcel Proust)