Le temps que la Blanche cède à la Noire quelques lettres de noblesse.

L’encre de Chine se répand sous la densité du grand bleu et dans le vide de l’air. La clarté devient obscure. Les étoiles réfléchissent de moins en moins. Leur savoir se dissout dans le néant. La ville ralentit. Son cœur décélère. Tout s’évapore autour de la terrasse du bar de la Marine.

Tout à coup, des crissements de pneus déchirent la nuit. Suivis de sept coups de feu. Des cris explosent le calme qui profitait de l’obscurité naissante. Des projections de sang ont pigmenté ce tableau de Pierre Soulages. À la terrasse du café, les touristes et les habitants du centre-ville se sont couchés sous les tables. Plus loin, les passants se bousculent et courent à contresens, pour fuir la scène. Enfin, les premières sirènes se font entendre.
Vous ne rêvez pas.
Bienvenue à Marseille.

Pour la sixième fois consécutive, le Printemps du Polar a choisi les quartiers Nord et l’Estaque comme port d’attache.
Sous les regards émerveillés des petits et grands afficionados des romans policiers et des thrillers, le fauvisme de Paul Cézanne, André Derain, Henri Matisse et Maurice de Vlaminck, s’habille en noir. Cette année encore, ils reviendront tous, de fin mai à début juin.

Du Vieux-Port à l'Estaque, partout les sirènes de police et les kalachnikovs finissent par se taire pour donner la parole aux écrivains et aux lecteurs.

Avec la projection en avant-première d’un film policier, sur la célèbre Canebière, dans le complexe ArtPlexe. Et puis, du ciné noir en compagnie des acteurs et des réalisateurs, à l’Alhambra, l’ancien théâtre où Raimu a fait ses débuts comme souffleur, et qui a résisté au temps, avec sa façade caractéristique des cinémas des années trente, en s’illustrant comme la salle fétiche de Robert Guédiguian. Du Théâtre Noir à l’Astronef, avec la création d’une œuvre originale, une pièce policière jouée par les jeunes des quartiers.

Mais aussi au Grand Littoral, la plus grande galerie marchande des quartiers Nord de Marseille, qui permet des rencontres avec les auteurs de la région, en présence du lauréat du Prix de l'Évêché.

Chaque année, en clôture de la semaine noire, plus de cinquante auteurs rencontrent leurs lecteurs dans les jardins de la Villa Mistral, en bord de mer. Ils y donnent des interviews et tiennent des conférences captées et diffusées sur tous les réseaux de la cité phocéenne. Quelques écrivaines et écrivains locaux et habitués sont heureux de retrouver leurs lecteurs.

Mais aussi, et pour le plus grand bonheur du public et des connaisseurs venus des quatre coins de l’hexagone et du globe, des stars nationales et internationales sont invitées.

Sans oublier la remise des deux prix littéraires. Le « Prix de la Nouvelle Noire Printemps du Polar », qui nous rappelle que les plus courtes sont les meilleures. Et le « Prix Féminin de la Semaine Noire », parce que le Noir est l’affaire de tous, et que les femmes le racontent si bien.

Au cours des années, la semaine noire du Printemps du Polar est devenue le rendez-vous incontournable de la scène littéraire policière.