Les Frères Chapuisat produisent depuis une dizaine d’année des oeuvres monumentales et contextualisées qui s’activent par la présence des visiteurs, transformés en explorateurs. Plus que des sculptures ou des installations, s’inspirant toujours des lieux où elles sont réalisées, les oeuvres des ces artistes suisses créent des ruptures spatiales, des environnements nouveaux. Par la taille de leurs installations et leur ingénierie, les Chapuisat tentent de « dépasser le format humain », de créer des mondes, des morceaux d’utopies ; exigeant des visiteurs curiosité et souplesse physique pour arpenter les couloirs de bois, recoins ensevelis et cimaises obscures.

Depuis plusieurs années, les Chapuisat vivent et travaillent « in situ », en nomades, se déplaçant au gré des projets en Europe et dans le monde ; créant là où ils sont invités à intervenir, un foyer éphémère. Par la construction, ils se transforment alors en hôtes, et les visiteurs en convives. Dans le village de Vercorin, avec « la Résidence Secondaire » ou à l’Abbaye de Maubuisson au sein de l’exposition « le Buisson Maudit », les artistes confrontent la simplicité des matériaux à la complexité de la forme. Plusieurs tonnes de bois sont nécessaires à l’expansion presque infinie d’un module organique et fabriqué, praticable voire habitable. Leurs oeuvres, travail à plusieurs mains, révèlent leur fantasme de la cabane. Utilisant des matériaux tels que le carton, le béton et surtout le bois, les Frères Chapuisat créent des archi-sculptures, oeuvres monumentales ou zones habitables éphémères. Avec les installations « Intramuros », les artistes proposent aux visiteurs de découvrir la seule chose qu’il est d’habitude impossible de visiter, les cimaises et les murs. A l’aide d’une lampe de poche, les visiteurs sont invités à pénétrer dans l’enceinte du white cube et à explorer « l’envers du décors ».

A La Maréchalerie, les Frères Chapuisat s’inspirent de la charpente prégnante du lieu pour l’investir d’une structure envahissante et massive. Le visiteur se retrouve face à face avec un château de cartes en chêne, une archi-sculpture autoportante qui révèle les forces architecturales de l’espace. Si les artistes avouent leur passion pour un certain brutalisme, le choc artistique que provoque la vue de leurs installations est tout autant émerveillé que périlleux ; car selon Mireille Descombes « l’exploration est grisante, mais pas totalement sans danger. L’art des Chapuisat n’est pas une place de jeux ».