La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter la première exposition de Sophie Kuijken à Paris, après deux expositions à la galerie de Bruxelles, en 2014 puis en 2016.

Née à Bruges (Belgique) en 1965, Sophie Kuijken a travaillé pendant vingt ans dans la plus grande confidentialité. De ces années de recherche, elle choisit de détruire une grande partie de son travail et c’est finalement en 2011, qu’elle répond à l’invitation de Joost Declercq, directeur du Musée Dhont-Dhaenens à Deurle (Belgique) qui lui propose une première exposition.

A première vue, Sophie Kuijken peint des portraits. Mais ces représentations sont tout sauf anodines. En effet, une mystérieuse étrangeté se dégage de ses tableaux. L’artiste construit ses œuvres en rassemblant des images glanées sur internet. En générant des recherches par mots-clefs (un terme, un nombre ou encore un lieu), elle utilise des photographies de personnes qui l’inspirent. Elle mélange ensuite et confronte différentes parcelles de figures et de symboles issus de ses explorations iconographiques, afin de créer de nouveaux personnages.

L’artiste dira de son travail : « J’aime vraiment peindre les gens. J’aime lire en eux simplement en les regardant et en pénétrant complètement leur existence. Cela est cependant très intime et personnel, donc je ne fais ni cela avec des étrangers, ni avec des amis ou des relations. A la place j’essaie de fabriquer ces expériences ».

En multipliant les identités, elle crée des personnalités singulières retranscrites sur ses supports. Par ce recyclage visuel, Sophie Kuijken impose des présences intenses, dont les portraits sont façonnés et reconstitués.

L’artiste se livre à un long travail de peinture technique, hérité de la tradition de l’art flamand. Sophie Kuijken superpose des couches d’acrylique, d’huile puis de glacis. Ces ajouts de matières contribuent à renforcer des distorsions physiques intentionnelles. Peintes sur des panneaux MDF (panneaux constitués de fibres de bois et de résines synthétiques assemblées sous pression), la réalisation de certaines oeuvres peut prendre jusqu’à plusieurs mois. Ce long processus de stratification n’est pas qu’un savoir-faire. C’est une démarche qui revêt un sens bien particulier. Selon elle, « cette méthode peut être comparée à l’expérience de répétition d’un même mot des centaines de fois jusqu’à ce qu’il perde totalement son sens et qu’il devienne abstrait, tel un pur son, mais néanmoins profond, touchant et substantiel ».

L’ensemble des nouvelles oeuvres présenté dans l’exposition, fait surgir une véritable galerie d’individus. Le cadrage varie pour se placer au plus près d’un visage, ou encore laisser flotter un corps au sein d’un espace sombre et indéterminé. L’ambiguïté de ces images s’accompagne d’un grand souci de précision, révélé par le pli d’un vêtement, le choix d’une couleur ou la maîtrise du jeu d’ombres et de lumières. L’obscurité des fonds, la frontalité du point de vue et les formats retenus suggèrent le caractère intimement photographique du travail de Sophie Kuijken. Certains détails nous égarent tout en nous laissant des indices qui n’en demeurent pas moins énigmatiques : dans son oeuvre V.S.N. des poissons accompagnent un corps nu à l’horizontal, dans S.B. un pic se dépose sur la poche d’une chemise, dans T.M.O. une tresse s’enroule autour d’un cou, dans S.L.Z. une étoffe masque les jambes d’un sujet...

Ces personnalités, dépourvues de genre identifiable, sont réinventées et semblent nous dévisager, nous toiser, autant qu’elles nous fuient. Leurs regards nous troublent et nous fascinent par leur profondeur. Ces personnages présentés seuls ou en duo nous apparaissent aussi bien présents qu’absents. En compilant sur une même surface des identités séparées par l’espace et le temps, Sophie Kuijken mélange, confond et confronte des sentiments et des expressions au sein d’une même figure. Entre réalité et fiction, l’artiste construit une véritable expérience visuelle qui nous perturbe et nous bouleverse par sa nuée de non-dits et de sous-entendus. Ces êtres imaginés interrogent ainsi notre rapport aux autres.

Sophie Kuijken est née à à Bruges (Belgique) en 1965. Elle vit et travaille à Willebringen, près de Louvain (Belgique).

L’artiste a été diplômée en 1988 de l’Académie de Gand (K.A.S.K) en Belgique.

Depuis 2011, elle a bénéficié d’expositions personnelles importantes telles que Picture this au Museum Dhondt-Dhaenens à Deurle (Belgique, 2011), mais également à deux reprises à la Galerie Nathalie Obadia à Bruxelles (Belgique, 2014 et 2016), au Centre culturel de Maasmechelen (Belgique, 2015), ainsi qu’un solo show à Art Bruxelles sur le stand de la galerie (Belgique, 2015).

Sophie Kuijken a également participé à des expositions collectives significatives avec Dries van Noten - Inspirations au Musée des Arts Décoratifs à Paris (France, 2014), Vestige à la Fondation Francès à Senlis (France, 2014), à la Maison Belge à Cologne (Allemagne, 2014), Le portrait bourgeois au Musée communal des beaux-arts d’Ixelles à Bruxelles (Belgique, 2016).

L’oeuvre de Sophie Kuijken est présente dans de nombreuses collections privées et institutionnelles internationales.

La première monographie consacrée au travail de l’artiste sera publiée en mars 2017.