En Europe on vit au rythme et à la fièvre des élections. On affronte les dilemmes et les difficultés sur les choix qu’on va faire, sur les figures politiques qui gouvernent le monde et les sociétés aujourd’hui, sur les votes du passé qui ont formé l’image de nos jours. Beaucoup d’entre nous sont vraiment déçus du paysage politique, de la morale inexistante de nos politiques, des idées rachetées pour un peu de publicité, de richesse ou de réputation. Alors, dans ce cadre de controverses, de provocations, d’insécurité, de déclin moral, de crise économique et, spécialement, sociale il serait utile de réfléchir un peu sur des idées pures et nobles, de faire la connaissance ou de remémorer des personnalités qui, avec leur action, leur théorie et la stature de leur existence, ont influencé l’écoulement de l’histoire.

La référence à la personnalité de Cornelius Castoriadis n’est pas facile. Comme il était une figure intrigante ne peut pas être toujours objective et certainement ne peut pas être suffisante ou digne de son œuvre particulièrement une présentation comme celle-là limitée aux mots d’un article. Mon but n’est ni de faire l’éloge de Castoriadis (sa mémoire n’a aucun besoin de moi) ni de vous convaincre sur la valeur de sa personnalité, ni même de vous donner des informations que, probablement, vous connaissez déjà. Le cas de Castoriadis pourrait être une raison pour chacun de nous de réfléchir un peu aux idées de personnalités importantes qui peuvent ouvrir notre esprit et constituer une leçon de morale et de liberté pour tous.

Cornelius Castoriadis, né le 11 mars 1922 à Constantinople et mort le 26 décembre 1997 à Paris, était un philosophe, économiste et psychanalyste d’origine grecque. Il a consacré une grande partie de sa réflexion à la notion d’autonomie. Sa vision révolutionnaire, durement profond même aujourd’hui, était l’autonomie absolue, personnelle, sociale et collective.

En 1948 il créa avec Claude Lefort Socialisme ou Barbarie (expression reprise de Rosa Luxemburg, qui l’avait utilisée pour la première fois en 1916), une organisation révolutionnaire d’orientation marxiste, antistalinienne et proche du Communisme de Conseils.

Son œuvre scientifique incluit beaucoup de champs : la philosophie, l’anthropologie, la psychologie, la politique, l’économie, l’histoire. La pensée philosophique de Castoriadis était influencée par l’Antiquité Grecque. Castoriadis conçoit le monde comme un cosmos – c’est-à-dire un monde entièrement ordonné ‒, mais au même temps comme un chaos. Pour lui le chaos n’est pas une dimension distincte du cosmos, mais plutôt le “Envers” de toutes choses, correspondant “littéralement à la temporalité”, qu’il faut ici comprendre comme rapportée à l’altération et à la “création/ destruction” des êtres.

Castoriadis s’oppose clairement aux conceptions déterministes de l’histoire. Il croit que les sociétés sont des êtres historiques, ce qui signifie qui peuvent se mettre dans un procès d’auto-alteration, d’auto-determination, d’auto-institution. Une société pour elle-même. Il affirme que ni les institutions sociales ni les significations sociales renvoient à un fonctionnalisme strict (elles ne sont ni productibles causalement ni déductibles rationnellement), et que, au contraire, elles correspondent à des “créations libres et immotivées du collectif anonyme concerné”.

Il était une personnalité intense, avec un esprit ouvert, multiple, rénovant qui vivait beaucoup d’années avant de son époque, qui communiquait ses idées d’une façon simple, familier et au même temps effréné et dont la flamme de son âme brulait jusqu’à la fin de sa vie.