Du 10 avril au 5 mai 2015, la galerie Boulakia présente une exposition dédiée à l’artiste ivoirien Ouattara Watts. Quinze ans après une exposition personnelle à la galerie Philippe Boulakia, Ouattara est de nouveau mis à l’honneur à Paris.

Né en 1957 à Abidjan en Côte d’Ivoire, Ouattara reçoit une éducation à l’image de son oeuvre, entre tradition et modernité. Initié très tôt aux rituels chamaniques, son enfance dans une grande ville lui permet également de se confronter à une culture plus urbaine.

A la fin des années 80, Ouattara déménage pour Paris, et intègre l’Ecole des Beaux Arts. Un soir de janvier 1988, il rencontre celui qui deviendra son mentor et ami, Jean Michel Basquiat. Impressionné par le travail de l’ivoirien, il lui propose d’embarquer avec lui pour New York. Ouattara accepte. Mus par un intérêt commun pour la culture, la philosophie et la spiritualité africaines, les deux hommes voyageront et travailleront ensemble, jusqu’à la mort prématurée de Basquiat en août 1988.

Cette perte sonne comme un renouveau dans l’oeuvre de Ouattara, qui abandonne ses premières recherches artistiques et développe un corpus d’oeuvres rappelant celui de Basquiat. Les toiles, aux formats toujours plus importants, se couvrent d’idéogrammes cryptiques, de symboles d’une religion oubliée, d’équations complexes. Autant de signes qu’il est le seul à pouvoir déchiffrer, comme un hommage à celui qu’il appelait son “âme soeur”.

Ouattara mélange sur la toile une peinture épaisse, qui évoque la terre ancestrale de l’Afrique, et des objets qu’il glane lors de ses différents voyages. Alors même que la critique tente à l’époque de l’inclure dans le groupe des néo expressionnistes, avec Julian Schnabel et Enzo Cucchi, l’oeuvre de Ouattara échappe à toute comparaison.

A la manière d’un jazzman, Ouattara est un homme d’improvisation. Il part du centre de la toile, et se laisse guider d’est en ouest, du nord au sud, par ses influences multiples. Il se dit sensible aux artistes qui ouvrent, par leur manière de peindre, de nouvelles fenêtres sur le monde, à l’image de Picasso ou Cy Twombly. Comme eux, Ouattara est un intercesseur, à la croisée de deux mondes qu’il réussit à faire cohabiter sur la toile.