En écho à ses origines, lorsque le Petit Palais, à l’aube du XXe siècle, achetait au Salon des oeuvres d’artistes vivants pour constituer sa jeune collection, le musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris invite l’art du XXIe siècle à dialoguer avec son prestigieux fonds ancien. Il renoue ainsi avec l’art contemporain en donnant, pour la première fois, carte blanche à un jeune artiste, Thomas Lerooy, né en 1981 en Belgique.

Ses oeuvres – une vingtaine de sculptures et dessins – sont déployées dans les salles des collections permanentes du rez-de-jardin avec une incursion dans le jardin intérieur du musée. Dès l’extérieur, côté avenue Winston-Churchill, les visiteurs sont accueillis par un Manneken-Pis (Petit Jean) revisité : un hommage déguisé au sculpteur Jérôme Duquesnoy (1570-1641) et une introduction à l’univers, à la fois onirique et burlesque de Thomas Lerooy.

L’oeuvre de Thomas Lerooy, s’il peut surprendre dans un écrin classique, tisse des liens féconds avec l’art ancien dont il se nourrit pour mieux le détourner. L’art romain est convoqué aussi souvent que celui de la Renaissance, classique ou maniériste. Chaque oeuvre de l’artiste renvoie aux sources de l’art occidental. Le détournement des symboles, profanes ou sacrés, illustre la réflexion que mène l’artiste sur le sens actuel des motifs de l’histoire de l’art, de leurs relations entre l’ oeuvre d’art, l’espace et le spectateur. L’exposition est ponctuée de ces dialogues féconds dont la succession apporte un regard nouveau sur les oeuvres anciennes du Petit Palais en même temps qu’elle livre les clefs du monde intérieur de Thomas Lerooy.

Comme une danse macabre, les rêves et les chimères de l’artiste se balancent au rythme d’une joyeuse frénésie. Monstres, squelettes et autres créatures hybrides peuplent un univers graphique et sculptural situé à la croisée du Symbolisme et du Surréalisme. À ce contenu allégorique et lourd de sens, s’additionne une malice permanente aux origines toutes aussi belges qui, de Brueghel à James Ensor, a toujours préservé l’art belge de trop de noirceur. L’humour, remède contre la laideur, agit sur les oeuvres de l’artiste belge comme il anime les tableaux caravagesques les plus triviaux, à voir dans Les Bas-fonds du Baroque, exposition du Petit Palais concomitante à celle de Thomas Lerooy.

Exposition conçue et organisée par le Petit Palais et la Galerie Nathalie Obadia.

Commissariat : Susana Gallego Cuesta, conservatrice, chef du service des expositions du Petit Palais, sur une proposition de Constance Dumas, directrice de la Galerie Nathalie Obadia à Bruxelles.