À l’issue d’une mission sur la frontière indo-afghane, dans la région de Peshâwar, Alfred Foucher rapporte quelque cent pièces exposées dès 1900 au Louvre. Elles forment le fonds du Gandhâra au musée Guimet. Cet art du schiste au nord-ouest de l’Inde est un art essentiellement bouddhique. Il raconte pour la première fois la légende du Buddha représenté sous une forme humaine et fixe l’iconographie désormais canonique. Il s’épanouit aux environs de l’ère sous des dynasties étrangères, indo-grecques indo-scythe et Kouchane.

Premier empire des steppes (Ier-IIIe siècle), celle-ci règne sur un territoire qui va de l’Inde du Nord aux portes du Pamir. Elle se retrouve ainsi au carrefour de trois mondes, la Grèce, la Chine et l’Inde. Le trésor de Begram découvert par Joseph Hackin, en 1937, en apporte la preuve – des verres gréco–romains, des laques de l’époque Han. à côté d’ivoires indiens les plus anciens connus. L’acropole de Surkh kotal en Bactriane afghane, fouillée par Daniel Schlumberger (1952), montre cependant les Kouchans comme des « descendants non méditerranéens des Grecs ».

De l’accord de 1922, entre France et Afghanistan, est née en effet la Délégation archéologique française en Afghanistan. Dès 1924, Hackin fouille Païtava, écho de l’art du Gandhara en terre de Kapisa.. De 1926 à 1928, Jules Barthoux dégage le site de Hadda,, ensemble de monastères qui révèle l’école du stuc gréco-afghan (IVe-Ve siècles). Sur la vieille route de l’Inde, de Bactres à Taxila, Bâmyân enfin paraît au coeur de l’Hindû-Kûsh comme le maillon manquant dans l’espace et le temps, entre l’art du Gandhara que Foucher voyait « gréco-bouddhique », et l’actuel Xinjiang, à l’époque des Turcs occidentaux (VIe-VIIe siècles), quand Fondukistan annonce déjà l’art de la Haute Asie.