Bruxelles, janvier 2020.

Le livre s'intitulait "Bruxelles, ville d'exilés" et était écrit par une dame qui faisait partie de notre inventaire de jeunes adultes, Helena Cabeçadas. Il a raconté une histoire vraie, qui a donné un sens à notre histoire, comme une union de petites vérités. Des petites vérités de joie et de désir. « Entrer pour la première fois dans l'Université libre de Bruxelles a été pour moi une expérience exaltante. Partout, il y avait des stands avec des livres, des brochures et des drapeaux des options idéologiques les plus diverses et opposées : socialistes, communistes, anarchistes, libéraux, maoïstes, des mouvements pacifistes contre la guerre du Vietnam, pour la libération des peuples colonisés, en soutien à la révolution cubaine, aux mouvements pour les droits civiques, au Black Power... Les drapeaux noirs et rouges étaient agités joyeusement au son de musiques révolutionnaires, comme l'Internationale ou les proteste sons françaises et anglo-saxonnes. Pour quelqu'un qui, comme moi, venait d'un pays soumis à une longue dictature, où toute diversité de pensée était exclue et farouchement persécutée, c'était une révélation, un émerveillement (...) Je me réjouissais de la coexistence démocratique et libre d'options idéologiques différentes. La possibilité de lire et de discuter en toute liberté des textes politiques et philosophiques les plus divers a été un sentiment fantastique qui m'a littéralement donné des ailes. »

Bruxelles de petites rues où se croisent plus de cent quatre-vingts nationalités. Des petites rues avec des files de grands tramways, des voitures, d'innombrables vélos. Et des petits moments de soleil, suivis de pluie. Quelques jardins d'été et d'hiver.

Bruxelles, ville d'Europe, du monde. Bruxelles de tous les quartiers, des couleurs, des vieilles galeries. Et de tous les musées, des concerts, des librairies, des expositions, des vernissages et des finissages, de la connaissance continue et vivante. La ville du chez-soi, de la famille qui s'invente entre les langues et les nationalités. Ville du travail et de l'étude, du temps accéléré. Une vie assez complète avec le temps pour travailler, pour l’amitié, pour la culture et du repos.

Bruxelles de la journée sans voiture, des gens dans la rue, des familles entières à vélo. Des gens dans les parcs, des ventes de rue. Et les innombrables marchés, de légumes et de fruits, des antiquités, de la réutilisation et du réemploi. Les « brocantes » par tout. La ville des matins heureux où l'on essaie d'inventer la mer. Les matins difficiles à réveiller, parce qu'il fait froid et justement parce qu'on ne voit pas la mer. Mais malgré tout, nous vivons de bonnes journées, ou des journées qui commencent à l'être.

À Bruxelles, quand on sait s'arrêter, quand on fait attention aux oranges si fraîches du matin, au thé qui bout, à l'odeur du café. Et puis même à chaque parc, à la nature qui, de près ou de loin, vit de façon déguisée. Elle reste silencieuse.

Dans la liberté de pédaler sur un vélo et de sentir les rafales les plus froides, il est possible de s'évader. Une imagine des instants les plus froides, elle apparaît là : pleine, pure, immobile. À Bruxelles, nous nous arrêtons et descendons aussi, nous faisons de l'équilibrisme : entre garder un pied au sol et s'envoler dans l'image. Une petite trace, un détail et un souvenir mémorisé.

La ville du froid et de la pluie, mais de la chaleur des cafés, des galeries, des maisons d’Art déco et Art nouveau, des avenues remplies de lumière, et des lieux aux grandes fenêtres. Bruxelles, où nous célébrons le soleil le matin, l'odeur du café, la chaleur et les couleurs de l'automne et du printemps.