Le Museum of Bad Art est un musée de Boston existant depuis 1993. Il présente des collections et expositions d’« art mauvais » sous toutes ses formes, créées par des artistes anonymes, et organisées par thématiques parmi lesquelles : les nus, les portraits, les paysages, ou encore les peintures religieuses. A l’origine, un antiquaire, qui en récupérant une peinture dans une poubelle, est encouragé par ses amis à débuter une collection d’œuvres dont personne ne veut, et qu’il peut récupérer de-ci delà en constituant progressivement un stock important.

Aujourd’hui, la collection compte près de 600 œuvres de « mauvais goût » et le musée célèbre et revendique ce crédo.
Ainsi, en mettant de côté l’aspect humoristique et presque cynique de la chose, nous pouvons néanmoins faire des ponts et des parallèles avec des œuvres dites de « bon goût ».
Avant tout, qu’est-ce que le bon goût dans l’art ? comment différencier une œuvre d’art d’une œuvre de « mauvais » art ?!

La technique seule ne permet pas de répondre à cette question tant elle a été mise de côté par les artistes depuis le XXe siècle. En fait, l’esprit humoristique de la démarche peut presque rappeler l’esprit Dada du début du XXe siècle, ou encore les surréalistes qui, précisément, ignoraient volontairement la notion de beau et de « bien fait » pour privilégier le jeu. C’est par exemple le cas des nombreux dessins de « cadavres exquis » réalisés par les artistes les plus reconnus de l’époque, mais aussi de l’histoire de l’art et qui ne peuvent pas être jugés comme étant vraiment de bon goût.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, nous avons aussi des exemples de créations artistiques réalisées par des artistes reconnus par l’histoire de l’art, reconnus par les institutions qui elles aussi pourraient, selon les critères simples du MOBA, être exposées. C’est par exemple le cas de la « merde d’artiste » de Piero Manzoni, une boite de conserve pesant 30 grammes et dont le prix était indexé sur le prix de l’or. L’artiste à travers ses boîtes, critiquaient évidemment le marché de l’art, mais celles-ci constituent aujourd’hui une des plus grandes collections publiques et privées d’Europe.

Ainsi la réponse à la différenciation entre bon et mauvais art est simplement soumise à la validation par les institutions : les musées mais aussi le marché qui, en fait, dictent le bon goût et donc plus largement influence notre goût. Actuellement, certains, jouant de ce rôle prédominant des institutions, imposent ainsi un art contemporain on ne peut plus « kitch » qui pourrait largement s’apparenter à du mauvais goût. C’est le cas du roi du « kitch » Jeff Koons par exemple, ou encore de toutes les collaborations pseudo artistiques que propose la marque Louis Vuitton avec Murakami, Kusama, Koons, encore lui, etc…

De l’art vraiment ?
De l’art de la consommation, c’est certain.
A une époque où celle-ci règne en maitre, ces œuvres se retrouvent dans les plus grands musées et dans les plus grandes expositions transformant, à l’inverse du MOBA, l’« art mauvais » en « art officiel ».