Barcelone, novembre 2022.

Barcelone est une ville qu'il faut visiter à plusieurs reprises. Elle ne cessera jamais d'être une ville de lumière, de culture, de gastronomie, d’amitié, de musique et de soleil.

En 2022, Barcelone a accueilli le "World Press Photo", au CCCB (Centre de Cultura Contemporània de Barcelona), l'une des expositions de photojournalisme les plus importantes au niveau international. L'exposition présente des œuvres qui n'ont généralement jamais été publiées en Espagne, qui ont été choisies pour leur attrait visuel et qui présentent différents points de vue sur l'époque actuelle. De nombreuses vues panoramiques offrent des possibilités de réflexion.

J’ai eu l’opportunité de voir cette expo lentement, dans une journée de soleil et de réflexion intérieure. C’est un privilège de regarder tous les photos et les projets gagnants du concours qui sont tous inclus dans l'exposition, de même que les quatre lauréats mondiaux qui sont récompensés.

C’est impossible d’ignorer des images si sublimes, si sensibles à l’être humain, à l’actualité, la nature. Les communautés indigènes, les cultures traditionnelles et les questions d'identité figurent parmi les principaux thèmes de cette exposition, mais au même titre que d'autres problèmes majeurs. La crise environnementale, les guerres et les manifestations citoyennes qui sont également dépeints dans les photos qui nous touchent probablement plus.

Des photos des familles qui ont dû bouger en Amazonie, les incendies par tout et les vagues de chaleur, le désespoir d’une dame au mieux du feu avec la main au cœur sont des paysages et des visages impossibles de pas fixer. Nous vérifions aussi qu’afin d'assurer une meilleure représentation et une plus grande diversité des auteurs et des histoires, le concours de photojournalisme le plus prestigieux au monde mise, à partir de cette année, sur un nouveau modèle territorial qui divise le monde en six régions.

Les restrictions thématiques des éditions précédentes ont été levées pour celle-ci, et quatre nouvelles catégories : photo de l'année, reportage photo de l'année, prix du projet à long terme et prix du format ouvert.

Cette année, la photo d'Amber Bracken, intitulée Kamloops Residential School, a été élue photo de presse mondiale. L'image montre des robes orange accrochées à des croix le long d'une route pour commémorer les enfants morts au pensionnat indien de Kamloops, une institution créée pour assimiler les enfants indigènes, en Colombie-Britannique, au Canada. La photo a été prise en juin 2021, après la découverte de 215 tombes anonymes sur le site de l'ancien pensionnat, qui a fermé ses portes en 1978.

C'est une image qui s'inscrit dans votre mémoire, elle inspire une sorte de réaction sensorielle.

Je pouvais presque entendre le calme de cette photographie, un moment de silence où l'on prend conscience de l'histoire de la colonisation, non seulement au Canada, mais dans le monde entier.

Quand je suis partie de l’exposition, j’avais des images précises de la beauté et de l’horreur de l’humanité au même temps. J’avais des paysages impressionnants, des catastrophes et des crises actuels, et au même temps les plus beaux visages, de la joie, de l’amour.

C'est le sublime du regard du silence, du pouvoir de montrer ce dont la lumière et l'être humain sont capables, du meilleur au pire. C'est peut-être le sens le plus pur du journalisme, la création d'images, de mots, de cette lumière et de concepts suffisamment forts et originaux pour transmettre une idée.

La photographie est l'absence de mots et en même temps la possibilité de tous les mots. C'est le sublime du regard du silence, du pouvoir de montrer ce dont la lumière et l'être humain sont capables, du meilleur au pire.

Cette exposition en est sans doute un exemple en soi-même, une possibilité de nous laisser dans le silence, avec la conscience de ce que nous sommes et de ce que nous pourrions encore être.