Un film d’Arielle Dombasle. Dans les salles le 13/09/2023.

Pourquoi les femmes ne s’amuseraient-elles pas des hommes comme les hommes s’amusent des femmes ?

Le film commence avec Honoré de Balzac, occupé à écrire. L’auteur nous apparaît pour la première fois au cinéma, en pionnier du féminisme au milieu du XIXème siècle. Il fera des apparitions tout au long du film. Dans ses nouvelles, « Les Secrets de la princesse de Cadignan » et « Le Cabinet des Antiques », adaptées au grand écran par Jacques Fieschi, tout comme pour le scénario du film « Illusions Perdues » récompensé aux Césars, Balzac nous raconte l’histoire de la princesse de Cadignan, l’une des reines de Paris entre 1820 et 1830, qui se comporte en véritable Don Juan. Avec la même liberté, elle passe d’un amant à un autre, sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Et c’est révolutionnaire pour cette époque faussement misogyne.

Mais la princesse regrette de n’avoir jamais éprouvé la moindre passion. Son ami Rastignac, qui fut aussi un amant, lui présente un grand écrivain, Daniel d’Arthez, qu’elle rencontre dans la demeure de sa rivale et néanmoins complice, la marquise d’Espart.

La princesse va-t-elle enfin pouvoir connaître l’amour ? Car d’Arthez est attaché à la morale chrétienne. Et s’il tombe sous le charme de la princesse, ne risque-t-il pas de très mal réagir si on venait à l’informer de la réputation de cette courtisane ? Que se passerait-t-il si Daniel apprenait les « secrets de la princesse » ?

Rastignac, l’entremetteur. Toujours et encore lui. Pourquoi l’auteur se sert-il de ce comte pour faire basculer son histoire de princesse ? Y a-t-il dans Rastignac une part de réussite dont rêve Balzac ? Pourquoi Stefan Zweig ne s’accorde pas à trouver une ressemblance entre l’auteur et Eugène de Rastignac, comme il l’a fait pour d’autres personnages de son livre « Balzac : le roman de sa vie », alors qu’Eugène apparaît tout au long de « La Comédie humaine » ?

Tous deux ont fait du droit et viennent d’Angoulême. Tous deux visent l’ascension sociale. Si Rastignac voulait réussir en politique et dans la société, Balzac rêvait d’être anobli. Tous deux progresseront socialement par le mariage. Si Balzac n’y parviendra qu’au crépuscule de sa vie, en épousant en 1850 la comtesse Ewelina Hańska, force est de constater que son Rastignac a réalisé bien avant lui son propre fantasme. Eugène est pour la seconde fois ministre et il vient d'être fait comte, puisqu’il épouse en 1839 la fille de Delphine et du baron de Nucingen.

Aussi, on se moquait beaucoup de Balzac et de sa manière de s’habiller. Tout comme pour Rastignac, lors de son arrivée à Paris dans les vêtements cousus par sa sœur (voir « Le père Goriot »). Si Eugène a vite dépensé toutes ses économies pour réussir à adopter les codes vestimentaires, Balzac n’y parviendra jamais.

Eugène de Rastignac est donc un personnage clé pour Honoré de Balzac, qui réussit là où c’est plus compliqué pour l’auteur.

Nicolas Herman, êtes-vous flatté d’être le comte de Rastignac ?

En règle générale, on reçoit un texte et on fait les essais devant un directeur de casting ou un réalisateur. On interprète la scène dans des conditions plutôt froides, sans décor et sans costume, en suivant les indications. L’on peut également être invité à donner la réplique à d’autres acteurs. Pour la Princesse de Cadignan, ce fut différent. Michel Fau, acteur et metteur en scène de théâtre et d’opéra, a été mon professeur à l’école Florent. On est resté en contact et on avait envie de travailler ensemble depuis longtemps. Quand Arielle Dombasle lui a proposé le rôle de Balzac, et que Michel a lu le scénario de la nouvelle adaptée par Jacques Fieschi, il a tout de suite pensé à moi pour le rôle d’Eugène de Rastignac. Il en a parlé à Arielle Dombasle. Elle accordait de l’importance pour ce second rôle, car Rastignac est malgré tout un personnage clé, qui apparaît de façon récurrente chez Balzac, depuis Le Père Goriot, et dont l'évolution se poursuit à travers les romans de « La Comédie humaine ».

On s’est rencontré. Le courant est passé tout de suite. Nous avions l’impression de nous connaître. D’autant plus que nous aimons énormément Balzac. Et il y a eu un véritable « coup de foudre » réciproque : j’avais très envie d’interpréter ce rôle d’arriviste, et elle me voyait en Rastignac non seulement par la ressemblance physique (brun aux yeux bleus, élégant et séducteur), mais surtout par la sensibilité et la force de nos échanges. Eugène n’est plus ce jeune de vingt ans, qui brille et est très lumineux. Il n’est plus simplement celui qui fait chavirer les femmes du monde pour faciliter son ascension sociale. Il a quarante ans. Il est certes toujours un séducteur bien élevé, mais en même temps, il y a quelque chose de plus dur chez lui. Par moments, il semble désabusé par la vie. Pas aigri. Mais cassant. Et j’ai beaucoup travaillé cette dualité. Il porte un regard plus critique sur cette société, maintenant qu’il en fait partie. Donc, il y a quelque chose de sombre dans ce Rastignac qu’il fallait faire ressortir dans l’interprétation du personnage. Son ironie et son côté désespéré. Car le romantisme, c’est un peu ça : le désespoir au bord de la falaise. Nous étions tous sur la même longueur d’ondes. Y compris les producteurs Madison Films et Margo Cinéma, qui ont fait confiance à Arielle. Il faut dire qu’elle s’est énormément investie dans la réalisation de ce film, jusqu’au choix des costumes venus directement d’Italie. Les décors et le lieu du tournage sont ceux du château du champ de bataille, la propriété de Jacques Garcia, architecte et décorateur, qui a réalisé notamment l’Hôtel Costes.

Titre original : « Les Secrets de la princesse de Cadignan ».
Réalisateur : Arielle Dombasle.
Scénario : Jacques Fieschi, d’après les nouvelles « Les Secrets de la princesse de Cadignan » et « Le Cabinet des Antiques » de Honoré de Balzac.
Musique : Mike Theis, Luc Rougy et Gwen Navarro.
Photographie : Éric Gautier.
Décors : Jacques Garcia.
Costumes : Vincent Darré.
Son : Jean-Paul Mugel. Montage : Julia Gregory, Franck Nacache.
Producteurs : François Margolin, Kristina Larsen, Ludivine Ambiel et Dominique Ambiel. Sociétés de production : Madison Films, Margo Cinéma, France 2 cinéma.
Société de distribution : ARP Sélection. Genre : comédie dramatique (durée : 88 minutes).

Distribution :
Arielle Dombasle : la princesse de Cadignan.
Cédric Kahn : Daniel d'Arthez.
Julie Depardieu : la marquise d’Espard. Michel Fau : Honoré de Balzac.
Nicolas Herman : Rastignac.
Stanislas Merhar : Michel Chrestien.
Hippolyte Girardot : le prince de Cadignan.
Olivier Py : le baron de Nucingen.
Alexandra Stewart : la duchesse d’Uxelles.
Théo Cholbi : Victurnien d'Esgrignon.
Andy Gillet : Emile Blondet.
Rafael Cidoncha : Jean-Dominique Ingres.

Nicolas Herman, né le 14 juillet 1975 à Liège, est un acteur belge. Le comédien s’installe à Paris, où il suit le cours Florent, et joue des classiques au théâtre. Suite à sa rencontre avec Dominique Besnehard, Nicolas débute sa carrière avec Jean-Claude Brialy en interprétant le rôle de Perdican dans la pièce «* On ne badine pas avec l'amour »* d'Alfred de Musset. Il interprète magistralement le rôle de ce grand romantique, et on retient de sa tournée théâtrale cette magnifique tirade, initialement inspirée par une lettre que de Musset adresse à Georges Sand du temps de leur idylle :

Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui.

Cette étiquette « romantique » lui va bien et elle lui plait. Il en joue et elle lui colle à la peau. Parallèlement au théâtre, on lui propose des rôles au cinéma et à la télé, alors que les séries en sont à leurs balbutiements. Au petit écran, dans « Plus belle la vie », il incarne le personnage de Nicolas Barrel, un lieutenant, officier de police sensible et attachant, qui nous dévoile son homosexualité, tout simplement et à travers les gestes de la vie quotidienne. C’est la première fois qu’un homosexuel, de surcroit dans une fonction autoritaire, est présenté dans sa normalité, loin des caricatures habituelles portées jusqu’alors sur les écrans.

Plus récemment, on le voit dans la série « Sophie Cross » (saison 2) et il joue au cinéma aux côtés de François Damiens dans « La Graine » et avec Arielle Dombasle dans « Les Secrets de la princesse de Cadignan ». Il est également chroniqueur pour l'émission de radio sur la Première (RTBF) « Entrez sans frapper » de Jérôme Colin.

Filmographie :

Cinéma

2001 : « Absolument fabuleux » de Gabriel Aghion.
2008 : « Fracassés » de Franck Llopis.
2008 : « Le Coach » de Olivier Doran.
2013 : « Amitiés sincères » de Stéphan Archinard et François Prévôt-Leygonie.
2015 : « Les Lettres portugaises » de Bruno François-Boucher et Jean-Paul Seaulieu.
2018 : « Douche écossaise » de Bruno François-Boucher.
2022 : « La Graine » de Eloïse Lang.
2023 : « Les Secrets de la Princesse de Cadignan » de Arielle Dombasle.

Télévision (Séries télévisées)

2002 : « Malone ».
2003 : « Un été de canicule ».
2004 : « Famille d'accueil ».
2004 : « Baie ouest ».
2004 : « Julie Lescaut » (saison 13, épisode 5 : « Sans pardon »).
2005 - 2009 : « Plus belle la vie » (saisons 1 à 5).
2007 : « La Prophétie d'Avignon ».
2007 : « Tropiques amers ».
2009 : « Enquêtes réservées ».
2011 : « À tort ou à raison ».
2014 : « Clem » : "Rendez-moi ma fille" et "Ma femme, sa sœur et moi".
2016 : « En famille ».
2019 : « Plus belle la vie » (clip spécial 15 ans).
2022 : « Plus belle la vie » (saison 18).
2022 : « Sophie Cross » (saison 2).

Court Métrage

2018 : « Thomas » de Laura Smet.
2017 : « La fessée » de Bruno François-Boucher.
2015 : « Au rythme où bat mon cœur » de Christine Aubry.
2014 : « Easter Joint » de Laszlo Vekkel.
2013 : « Essorage » de Fabrice Dautcourt.
2011 : « Un jour sans » de Yzabel Dzisky.
2003 : « Dernière Flamme » de Éric Delcourt.

Théâtre :

2010 : « Le délai » - Felicia Massoni et Elie Alexandre Le Hoangan - de Éric Delcourt – rôle du journaliste.
2004 : « Les femmes n’existent pas » de Christophe Mieusement - mis en scène par Niels Ohlund - rôle de Franck - Théâtre Montmartre Galabru.
2001 : « Elysabeth's » de Bob Mc Andrew - mis en scène par Bob Mc Andrew - rôle de Éric - Théâtre de la Bastille.
1998 : « On ne badine pas avec l’amour » d'Alfred de Musset - mise en scène de Jean-Claude Brialy - rôle de Perdican - Tournée et Festivals en France.