La question du but de la vie est profondément philosophique. Son approche moderne peut varier considérablement en fonction de la perspective avec laquelle on l’aborde. Qu’elle soit philosophique, religieuse ou encore matérialiste, l’avis que nous en avons est pour le moins personnel et souvent singulier. Mais n’est-ce pas justement cette individualité qui crée une illusion égoïste ? Car si cette notion varie d’une personne à une autre, peut-être n’est-elle pas abordée avec la hauteur nécessaire ? S’il apparaît évident que le bonheur matériel et l’existence propre de chaque individu, peuvent-être un cap, une destination importante dans une vie, l’impermanence doit nous rappeler à l’ordre. Pourquoi l’Homme est-il sur terre et surtout, sa position dominante sur les espèces vivantes qui peuplent notre planète, doit-elle avoir un impact sur le sens de la vie ?

À l’image des cellules de notre corps, les êtres humains peuvent être comparés aux cellules de la terre, tout comme les planètes du cosmos, pourraient-être celles de l’univers. S’il ne s’agit pas ici d’aborder un thème religieux, ces comparaisons sont toutefois nécessaires pour saisir à bras le corps la notion d’interdépendance globale qui nous relie avec la terre et avec l’univers. Car sans la terre, plus d’êtres humains et donc plus de but dans la vie.

Pour de nombreuses personnes, le but de la vie est lié à une foi religieuse. Dans différents cultes, il peut s'agir de servir Dieu, d'atteindre l'illumination spirituelle, ou encore de suivre un ensemble de principes moraux. Néanmoins, les limites apportées par cette approche peuvent être vite atteintes. En effet, l’aspect universel que les hommes pourraient avoir avec leur environnement se résume souvent aux rapports avec les autres êtres humains et dieu ! L’univers ne rentre donc pas en compte, puisque c’est Dieu qui prédomine à tout.

Les philosophes, quant à eux, ont élaboré de nombreuses théories sur le but de la vie. Certains soutiennent que la recherche du bonheur, de la vertu ou de la réalisation de soi y participe. D'autres mettent l'accent la quête de la connaissance. Car comprendre un fonctionnement apparemment dépourvu d’explications, fait mécaniquement basculer une image spirituelle, ésotérique ou encore magique vers un sens plus scientifique. Cette approche, si elle a l’avantage de lier les connaissances, la logique et leurs potentialités, elle se prive toutefois du pan spirituel (ou ésotérique), duquel découle la notion d’interconnexion.

Les existentialistes comme Jean-Paul Sartre soutiennent que la vie n'a pas de but intrinsèque, et que chaque individu doit créer son propre sens et sa propre signification dans un monde absurde et indifférent. Ce point de vue se marie à merveille avec le mode de vie matérialiste et la société de consommation actuelle. Toujours plus d’argent, de possessions et d’innovation (rentables), au détriment d’une planète qui souffre. Malheureusement, cette quête du rêve américain a le vent en poupe ! En outre, cette approche peut donner l’illusion du bonheur et donc partiellement donner un sens à une vie, somme toute superficielle. Si la philosophie bouddhiste nous explique que cette voie est plutôt celle d’une souffrance bien costumée, elle mène toutefois la vie dure à la terre et met aujourd’hui en danger la survie des êtres vivants. On voit d’ailleurs nombre d’insectes et d’animaux, disparaître, quand d’autres sont en risque imminent d’extinction. Pour le point de vue biologique, le but de la vie se résume dans la survie et la reproduction des espèces. Depuis des millénaires, ce sont ces mécanismes fondamentaux qui ont permis à la vie, dans son ensemble, de persister et de se diversifier sur Terre. Jusqu’à aujourd’hui…

Sans nul doute, l'Homme est l’espèce dominante sur terre. Plus précisément, c’est elle qui possède et utilise un niveau d’intelligence suffisant pour modifier substantiellement la planète terre et désormais aussi l’espace. À cause de cette prétendue supériorité, elle a notamment su améliorer son confort et surtout multiplier ses besoins. Des besoins qui sont indubitablement liés à notre société de consommation et à son besoin effréné de bénéfice et de rentabilité ! Et si pour certains entrepreneurs et grands patrons du CAC 40, ce style de vie correspond à l’image qu’ils se font du sens de leur vie sur terre, cela reste une vision étriquée et égoïste de l’existence. Et cela ne serait pas si grave si ce processus n’engendrait pas tant de dégâts…

La recherche d’un sens de la vie relié à l’apparence, l’ego, l’individualité ou encore la réussite sociale montre aujourd’hui ses répercussions dévastatrices. La terre change, le climat évolue dangereusement, des races d’animaux et d’insectes disparaissent, les glaciers fondent, etc. Il suffit dorénavant d’ouvrir les yeux pour voir toutes les destructions que cette vision individualiste et matérielle engendre. Notre mode de vie et son sens profond, nuisent non seulement à l’ensemble des espèces vivantes, mais mettent en péril la pérennité et la survie d’un ensemble !

Alors quel est le but de la Vie ?

À mon sens, ce sujet doit être abordé sous deux angles, de façon à faire éclore une logique qui touche le plus grand nombre. Le premier se résume par une vision familiale et biologique. Quel est le rôle d’une mère ou d’un père de famille ? Au niveau d’une famille, il apparaît plus aisément que ce sont les parents, qui sont les plus à même de protéger les enfants (qui ne possèdent pas encore l’autonomie et l’expérience suffisante). Parallèlement, l’Homme s'est auto-proclamé comme étant l’espèce dominante sur terre. Il ne possède pas de prédateur, mis à part lui-même… mais cette place de « bon père de famille », acquise après des millénaires d’évolution, doit avant tout lui rappeler les responsabilités qui sont les siennes : Protéger et préserver l’ensemble des espèces vivantes et plus largement, le seul environnement qui lui permet de vivre : La planète terre !

Le second axe est celui l’interdépendance globale qui doit s’imposer à tous ! Sa compréhension doit nous amener à comprendre que prendre soin de l’ensemble n’est pas seulement une question de spiritualité ou de religion, mais avant tout une question de logique et de survie. Nous dépendons tous les uns des autres et aucunes espèces, dans tous les règnes de la nature, ne s'est développé par hasard au cours des millénaires passés. À l’image des abeilles qui pollinisent nos arbres fruitiers, nous, l’espèce soi-disant supérieure, avons besoin d’un tout petit insecte.

C’est la première fois de l’histoire de l’humanité que l’éveil est intrinsèquement lié à la survie de notre espèce ! Mais il s’agit davantage d’aborder ce « réveil » en inversant les pôles de notre vision habituelle : Renversons le monopole de cet ego, cet usurpateur de notre vraie nature, qui tend vers la suprématie de l’identité et de l'individualité. Car dans son aventure millénaire, l’Homme égotique a oublié sa nature interconnectée. Et c’est bel et bien cette dernière qui doit lui insuffler une responsabilité éveillée !

Ainsi, l’Homme moderne doit atteindre un niveau de conscience lui permettant d’appréhender véritablement les priorités de son environnement proche, mais aussi global. Il apparaît aujourd’hui comme étant tout autant logique qu’essentiel à notre survie, de retrouver notre vraie nature d’êtres humains évolués. Mais également, d’assimiler notre connexion avec tout le vivant de cette planète et plus largement avec l’univers lui-même. Nul doute que cela nous aidera à trouver un but commun, plus grand que nos individualités.

À mon sens, s’il doit y avoir un but dans la vie, l’homme doit tout d’abord retirer sa cataracte de l’ego afin de percevoir la vie et sa continuité comme La priorité. À cet instant, œuvrer pour l’ensemble, sa pérennité et sa survie, deviendra non pas un changement difficile à atteindre, mais le seul but de vie à suivre. A ce point précis, la logique de ce cheminement se fond à merveille avec les principes de la spiritualité. Une bienveillance éveillée, intelligente et consciente doit émerger de cette période trouble dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Et ce, afin de permettre à l’Homme de retrouver un sens à sa vie, mais également de retrouver sa place de gardien de la terre et de cellule de l’univers.

C’est la première fois de l’histoire de l’humanité que l’éveil est intrinsèquement lié à la survie de notre espèce !