Alors que sa spectaculaire rétrospective au SMAK de Gand s’achève, le peintre flamand Jan Van Imschoot dévoile ses derniers travaux à Bruxelles : une exploration du Mal à travers les âges.

Fruit d’un travail de recherche exigeant et minutieux inspiré de chefs d’œuvres muséaux et d’archives, le récit que livre ici Jan Van Imschoot se décline en 14 toiles, baroques et colorées. Le papillon, symbole de l’âme ou du psyché, parcourt discrètement les peintures, tantôt en opulente forme sombre dissimulant telle une éclipse un peloton d’exécution mexicain, tantôt sur le visage de Leopold II, figure dynastique marquante de la colonisation belge sanguinaire du Congo.

Le thème de l’exécution capitale est récurrent : objet de fantasme, source d’intimidation, vestige de l’Histoire ou folklore national. Sous le discret parrainage du Caravage, Van Imschoot réinterprète ainsi le mythe d’Holopherne assassiné par la belle Judith. Il met en scène l’envoûtante Mata Hari victime de la France occupée. Il dépeint également une scène de télévision chinoise, fictive mais perverse, du dernier jour d’une condamnée prisonnière de deux gendarmes, ou dessine les contours d’une jeune sud-africaine aux mains de son bourreau en veste blanche et haut de forme.

Pour que ce monde soit vivable, nous avons besoin d’opinions divergentes et de confrontations de ces opinions. L’art, sous toutes ses formes, est nécessaire pour accompagner ce besoin humaniste. L’art donne une souplesse à notre pensée, lui permet de voyager au-delà des frontières.

(Jan Van Imschoot)

Entre ses mains, la peinture devient un terrain de jeux propice à une réflexion sur la relation triangulaire entre ses trois sujets de prédilection : l’art, le langage et la vérité.

Né à Gand en 1963, exposé en Belgique comme à l’international, Jan Van Imschoot vit en France depuis 2013. Le S.M.A.K. de Gand lui a consacré une première grande exposition personnelle dès 2002. Ces dernières années, il a présenté son travail au Kunstpalast de Düsseldorf (2005), au Museum Dhondt-Dhaenens à Deurle (2008), au National Art Museum of China à Beijing (2010) et à la Fondazione Volume! à Rome (2012). En 2018, il participe à l’exposition collective Sanguine/Bloedrood conçue par Luc Tuymans pour le M HKA à Anvers et pour la Fondazione Prada de Milan, et en 2019, à Feast of Fools, Bruegel Rediscovered au Château de Gaasbeek en Belgique. En 2020, le Roger Raveel Museum accueillait la 7e Biennale de la Peinture autour du thème des intérieurs et y présentait quatre grands tableaux de la série Intérieurs de l’artiste. D’octobre 2023 à mars 2024, son travail fait l’objet d’une rétrospective « The End is Never Near » au S.M.A.K. de Gand. Jan Van Imschoot est représenté par la Galerie Templon depuis 2015.