Constance Guisset propose un parcours immersif articulé en deux volets ; le premier est dédié au travail de scénographe, le second est consacré au design. Couvrant une surface de plus de 1000 m2, l’exposition se déploie sur différents espaces du musée à travers un cheminement menant le visiteur des œuvres phares de la designer à ses dernières réalisations, en passant par le processus de création. Le titre Actio ! souligne à la fois la magie qui anime les créations, mais aussi la volonté et le travail en mouvement nécessaires pour dessiner des objets et les faire exister réellement. Il évoque également la dimension théâtrale ou cinématographique du travail de scénographe.

Chaque salle est nommée par un verbe d’action, qui évoque la vie, l’usage et l’intention des objets ou des installations. Ce lexique élargit l’horizon des objets et invite à voir plus loin que la fonction et les usages. Les titres s’accompagnent de manifestes dévoilant les intentions et la démarche de la designer dans ses recherches. La visite est également rythmée par des collaborations avec des artistes aux disciplines élargies et variées.

Constance Guisset est née en 1976. Après des études à l’ESSEC et à Sciences Po Paris, elle fait le choix de se tourner vers la création et entre à l’ENSCI-Les Ateliers, dont elle sort diplômée en 2007. En 2008, elle reçoit le Grand Prix du Design de la Ville de Paris, le Prix du Public à la Design Parade de la Villa Noailles et deux Aides à Projets du VIA. En 2010, elle est nommée « Designer de l’année » au Salon Maison & Objets et obtient le Audi Talents Award.

En 2009, elle fonde Constance Guisset Studio. Spécialisé en design, mais également en architecture intérieure et en scénographie, il réunit autour de Constance Guisset une équipe de designers et d’architectes. Le studio est dédié à la création d’objets ergonomiques et légers, animés et accueillants. Il collabore avec de nombreuses maisons d’édition de mobilier françaises et étrangères. Imaginée par la designer pour l’éditeur Petite Friture, la lampe Vertigo, éditée en 2010, est l’un de ses premiers projets et une œuvre emblématique de ses créations. Le studio travaille également avec de grandes marques et éditeurs, à l’exemple de Moustache, Molteni&C, LaCividina, Tectona, ZaoZuo, Matière Grise, Nature & Découvertes, Nodus, LaCie – Seagate, ou encore Louis Vuitton Malletier.

Depuis 2009, Constance Guisset conçoit des scénographies de spectacles, notamment celles des ballets Le Funambule, Les Nuits et La Fresque d’Angelin Preljocaj, du concert de Laurent Garnier à la Salle Pleyel et de la chorégraphie Everyness de Wang Ramirez. La designer conçoit également des scénographies d’exposition, principalement pour le Musée des Arts Décoratifs, le musée du quai Branly - Jacques Chirac et le Palais des Beaux-Arts de Lille. Entre 2012 et 2014, Constance Guisset développe un concept de design d’intérieur novateur, pour la marque Suite Novotel, filiale du groupe Accor. Depuis 2012, plusieurs expositions personnelles lui sont consacrées, notamment à la Chapelle des Calvairiennes – Centre d’Art Contemporain du Pays de Mayenne (2012). Un cycle d’exposition a débuté en 2016 au château de Courcelles de Montigny-les-Metz avant de se poursuivre au mudac (musée de design et d’arts appliqués contemporains) de Lausanne (2016-2017) sur l’invitation de Chantal Prod’hom, puis au musée Fabre de Montpellier (2017) sur l’invitation de Florence Hudowicz.

Par ailleurs, Constance Guisset mène un travail d’écriture et d’illustrations. Son premier livre pour enfants, Brouillards, a été publié en novembre 2017 par Albin Michel Jeunesse.

À cette reconnaissance artistique grandissante s’ajoute l’étroite relation que Constance Guisset entretient avec le Musée des Arts Décoratifs, qui a notamment accueilli ses premiers projets en tant qu’étudiante et ses premières scénographies. Ceci a conduit le musée à inviter la designer pour une rétrospective autour de ses différents travaux.

La première partie de l’exposition, consacrée à la scénographie, investit les galeries du Moyen Âge et la Renaissance. La designer y déploie des procédés innovants, destinés à mettre en valeur les œuvres emblématiques des collections. Elle propose ainsi un véritable dialogue entre ses propres créations et les collections du musée, « conversations » au sens propre entre objets anciens et contemporains ou encore installations sonores interprétant une œuvre. Ces dispositifs deviennent à la fois objets et éléments de signalétique puisqu’ils indiquent le chemin à suivre et les œuvres à contempler. Le rapprochement des pièces historiques de celles de Constance Guisset est réalisé grâce à la reprise d’installations déjà expérimentées par la créatrice, mais réadaptées in situ.

La seconde partie, consacrée au design, est l’occasion de découvrir l’ensemble des objets édités depuis dix ans et nombre de créations inédites de Constance Guisset. Le parcours débute avec un questionnement sur la destination et l’interprétation des objets, bousculant les limites du design. S’agit-il de créer des sensations, de dessiner des formes, de marquer un lieu ou d’habiter l’espace ? Ce deuxième parcours s’ouvre sur deux salles successives, interrogeant directement les usages et le statut de l’objet. La salle suivante, consacrée au processus de travail, ouvre sur un long couloir qui évoque le processus mental précédant la création ainsi que les inspirations qui la nourrissent. Enfin, six salles thématiques présentent les objets regroupés selon un élan commun : tourner, s’envoler, figer, etc. La dernière salle est consacrée aux décors de spectacle. Le travail sur les mots, central dans l’exposition, est mis en valeur tout au long du parcours par la graphiste Agnès Dahan.

Afin d’ouvrir de nouveaux champs de créations, des artistes et conservateurs ont été invités à participer à l’exposition. Cette invitation souligne la nécessité d’un travail ensemble avec de nouveaux interlocuteurs et l’exigence d’ouverture, de curiosité et de partage nécessaire au métier de designer. L’exposition inclut ainsi un travail d’écriture mené avec l’écrivain Adrien Goetz et les conservateurs Frédéric Dassas (musée du Louvre) et Denis Bruna (Musée des Arts Décoratifs).

Une œuvre à quatre mains a été imaginée avec l’artiste Marc Couturier. Les musiciens du Studio MBC ont été invités à proposer une interprétation musicale des thèmes de plusieurs salles. L’artiste Laurent Derobert se livre à un exercice similaire dans la salle « Ravir » dont il propose une interprétation mathématique. Par ailleurs, la tapissière Sarah Grass a été conviée à retravailler une des premières pièces de la designer. Synthèse des recherches expérimentales et formelles de Constance Guisset, cette exposition met en exergue l’identité plurielle et pluridisciplinaire de son travail, prolongeant les réflexions amorcées sur l’objet, qui est au cœur de la vie et les missions du Musée des Arts Décoratifs.