Le Jeu de Paume présente, en collaboration avec le Museo Amparo de Puebla (Mexique) , la première exposition rétrospective de la photographe de Kati Horna (Szilasbalhási, Hongrie, 1912-Mexico, 2000), retraçant plus de six décennies de production en Hongrie, en France, en Espagne et au Mexique. Photographe mexicaine d’adoption, Kati Horna fait partie de la génération de photographes hongrois (d’André Kertész à Robert Capa en passant par Eva Besnyö, László Moholy-Nagy, Nicolás Muller, Brassaï, Rogi André, Ergy Landau, Martin Munkácsi et bien d’autres) contraints de quitter leur pays en raison des conflits et de l’instabilité sociale des années 1930.

Cosmopolite et avant-gardiste, Kati Horna est surtout connue pour son album sur la guerre civile espagnole, réalisé à la demande du gouvernement républicain espagnol entre 1937 et 1939. Son travail se caractérise à la fois par sa proximité avec les principes de la photographie surréaliste, ainsi que par sa manière très personnelle d’aborder le photoreportage.

Cette grande rétrospective permet de donner une reconnaissance internationale à cette photographe protéiforme, d’un humanisme engagé, en mettant en lumière sa singulière créativité artistique et ses apports au photojournalisme. Elle propose un panorama complet de l’oeuvre de cette artiste qui fit ses premiers pas comme photographe en Hongrie, à l’âge de 21 ans, dans le contexte des mouvements avant-gardistes de l’Europe des années 1930 : le constructivisme russe, l’école du Bauhaus, le surréalisme, la Nouvelle Objectivité allemande. Sa vaste production, réalisée aussi bien en Europe qu’au Mexique, sa patrie d’adoption, est présentée à travers plus de 150 oeuvres – pour la plupart des tirages d’époque, dont la grande majorité est inédite ou méconnue.

C’est au Mexique que Kati Horna se constitue une nouvelle famille avec les artistes émigrés Remedios Varo, Benjamin Péret, Emerico « Chiki » Weisz, Edward James puis, plus tard, Leonora Carrington. En parallèle de ses photoreportages engagés, elle réalise des séries photographiques de contes visuels, des créations extraordinaires mettant en scène des masques ou des poupées – motifs qui lui sont chers depuis la fin des années 1930 –. Kati Horna devient également la grande portraitiste de l’avant-garde artistique et littéraire mexicaine ; ses reportages visionnaires dévoilent les artistes les plus importants au Mexique dans les années 1960, comme Alfonso Reyes, Germán Cueto, Remedios Varo, Pedro Friedeberg, Alejandro Jodorowsky, Mathias Goeritz et Leonora Carrington.

L’exposition est conçue autour de cinq périodes : ses débuts entre Budapest, Berlin et Paris de 1933 à 1937 ; l’Espagne et la guerre civile entre 1937 et 1939, Paris à nouveau en 1939 ; puis le Mexique. L’exposition accorde également une large place aux documents, notamment des revues auxquelles elle a collaboré lors de son errance entre la Hongrie, la France, l’Espagne et le Mexique. Les oeuvres proviennent de l’Archivo Privado de Fotografía y Gráfica Kati y José Horna, du Centre documentaire de la mémoire historique d’Espagne, Salamanque, du Museo Amparo, Puebla, mais aussi de collections privées.