La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter la première exposition personnelle de Mickalene Thomas en France. L’artiste américaine proposera un ensemble de peintures et de photographies, exposés avec une série de 4 collages et d’une vidéo réalisés à l’occasion d’une résidence à la galerie en juillet 2014.

Mickalene Thomas sublime une vision contemporaine de la femme afro-américaine qu’elle replace dans un environnement domestique scénographié imprégné de l’esprit des sixties et seventies. Elle les met en scène dans des peintures et des collages faits de juxtapositions et de materiaux avec une approche assumée du Baroque et du Rococo. L’artiste revendique à la fois l’héritage des modèles de poses et des portraits des peintres du XIXème siècle parmi lesquels figurent Ingres, Courbet et Manet, tout comme l’ascendance de la peinture du XXème ; Picasso et Matisse au début du siècle, et plus tardivement David Hockney. Son travail s’inscrit dans la lignée des grands artistes afro-américains, comme Romare Bearden ou Jacob Lawrence dont le référencement est éloquent.

Ses peintures sont précieusement ornées de strass rutilants et de peinture émaillée ; les coiffures afros architecturent le maquillage et les bijoux des modèles, l’acrylique posée en transparence lustre les peaux noires et rend les formes abstraites lorsqu’elle est en aplat. Les collages ont été développés à partir de ressources photographiques personnelles et d’images scannées des 18 volumes de The Practical Encyclopedia of Good Decorating and Home Improvement – bible de l’aménagement intérieur aux États-Unis publié en 1971, de photographies de Mickalene Thomas, et de matières, papiers texturisés et motifs que l’artiste s’est procuré lors de sa résidence à Paris. La recomposition d’éléments disparates recrée des espaces et situations fictives pourtant vraisemblables qui ne sont pas sans rappeler le collage fondateur du Pop Art Just What Is It That Makes Today’s Homes So Different, So Appealing? (1956) de Richard Hamilton.

C’est un traitement pictural déterminé qui assemble les éléments de ces compositions: des motifs des vêtements fleuris et rétros, du mobilier en cuir, osier et bambou, des tentures de wax africain, des panneaux de bois peints, des tapis brodés et des plantes d’intérieurs, des abatsjours scandinaves texturisés et des coussins en crochet. Le travail photographique de Mickalene Thomas, inspiré des poses de modèles d’odalisques, courtisanes et actrices des débuts de la photographie dans la seconde moitiée du XIXème siècle, met en scène des femmes noires frontalement nues dont le lustre de la peau et l’arrangement textile du décor est un vibrant hommage à Courbet.

Transcendant ses influences esthétiques et évoquant l’invisibilité des corps noirs dans une histoire de l’art subjective, l’oeuvre de Mickalene Thomas s’implique politiquement en plaçant le corps de la femme noire américaine comme objet central au coeur du tableau. La figure occupe tout l’espace pour s’affirmer avec panache comme l’une des composantes essentielles de la société américaine. En complément de ces postures rigoureusement cadrées, l’artiste insuffle à ces femmes une dynamique de séduction et d’attraction qui passe par une approche formelle de grande précision : la maîtrise complexe du rythme, de la forme, de la couleur et du motif parvient à construire un espace pour en déconstruire aussitôt les possibilités de réel.

Mickalene Thomas

Née en 1971 à Camden (New Jersey), Mickalene Thomas vit et travaille à Brooklyn, New York, États-Unis.

Formée à la Southern Cross University (Lismore, Australie,1998), titulaire d’un Bachelor of Fine Arts en peinture au Pratt Institute (Brooklyn, 2000) et d’un Master of Fine Arts à la Yale University School of Arts (New Haven, 2002), Mickalene Thomas est l’une des artistes les plus reconnue de la scène contemporaine aux États-Unis. Elle a récemment bénéficié d’expositions personnelles importantes, notamment au The Institute of Contemporary Art de Boston (2012), au Santa Monica Museum of Art en Californie (2012), au Brooklyn Museum à New York (2012), et réalisé des projets spécifiques pour le On-Site, P.S.1/MoMA à New York (Le Déjeuner Sur l’Herbe: Les Trois Femmes Noires, 2010), Better Days (Volkshaus Art Basel, 2013 et prochainement à Berlin en 2014), ainsi que Femme au Divan II, au Pavillon Bosio à Monaco (2014).

Son oeuvre a rejoint de très prestigieuses collections privées et publiques, telles que The Art Institute of Chicago, The Brooklyn Museum, The Guggenheim Museum New York, The Whitney Museum of American Art, MOMA PS1, The Smithsonian American Art Musem, The Hara Museum of Contemporary Art, Tokyo, le Musée des Beaux-Arts de Montréal, Canada, The Rubell Family.