Le musée du Louvre poursuit son programme d’art contemporain en présentant à l’automne 2014 une création de l’artiste canadien Mark Lewis, dont l’oeuvre, reconnue internationalement, se développe dans le champ des arts visuels à partir du film. Après l’invitation à Walid Raad, en 2013 au département des Arts de l’Islam, c’est au tour de Mark Lewis de développer un projet de recherche artistique basé sur les collections du musée et se déclinant sous trois formes : une exposition temporaire dans la salle de la Maquette du 9 octobre 2014 au 5 janvier 2015, un livre d’artiste et, en novembre, une carte blanche de trois jours à l’auditorium.

Sous le titre d’Invention au Louvre, Mark Lewis donne forme à une archéologie du cinéma dans l’histoire de l’art. À travers trois films conçus et réalisés au musée, un livre et une programmation, l’artiste canadien confronte les images en mouvement, au mouvement imaginé, qui, de tout temps, a travaillé les mythes et la réception de la création artistique.

Exposition

Les oeuvres du musée du Louvre à travers le regard de Mark Lewis.

Depuis ses débuts dans les années 1990, l’oeuvre de Mark Lewis semble traverser à rebours l’histoire des images. Peinture, photographie et cinéma entretiennent dans ses films silencieux, présentés en boucle, une conversation subtile. Se référant aux frères Lumière, qui lui ont inspiré les formes brèves et ramassées de ses propres oeuvres, l’artiste canadien place l’exploration optique au centre de l’expérience artistique. Écartant toute narration, son oeuvre invite à une absorption directe dans le visible. Un nouvel espace temporel s’invente, où se croisent les chemins du regard et ceux de la mémoire, les temps mêlés de l’image en mouvement et les durées internes de la perception.

Sous le titre d’Invention au Louvre, Mark Lewis a conçu trois nouveaux films à partir des collections du musée. En observant tour à tour le petit panneau primitif de Giovanni Sassetta, Le Bienheureux Ranieri délivre les pauvres d’une prison de Florence, L’Enfant au toton de Chardin, ou encore la galerie de la Vénus de Milo, l’artiste réactive une tradition ancienne de la littérature artistique : celle du mouvement imaginé. Diderot, dans sa critique du Salon de 1763, invitait le spectateur à évoluer de plain-pied dans les paysages de Joseph Vernet par le truchement d’une lunette ; Goethe, face au groupe sculpté du Laocoon au Vatican, préconisait de cligner des yeux pour en « animer » optiquement les tragiques figures ; Girodet, dans son poème Le peintre, s’identifiait sans détours au mythe de Pygmalion, s’attribuant le pouvoir d’insuffler aux images la vie elle-même. Le film, suggère Mark Lewis, s’est inventé avant la technique du cinéma, dans le regard du spectateur.

Biographie Mark Lewis

Né à Hamilton (Ontario) en 1958, Mark Lewis vit et travaille à Londres. Se consacrant tout d’abord à la photographie, il commence à réaliser des films dans la moitié des années 1990. L’artiste utilise le film comme un médium installé dans l’espace d’exposition, questionnant les formes culturelles dominantes telles qu’elles se reflètent dans le cinéma. Plus généralement, ses films s’intéressent au quotidien à travers le filtre d’une large culture visuelle, sans dépendre pour autant de la citation directe ou de la référence érudite.

En 2009, Mark Lewis a représenté le Canada à la 53e Biennale internationale d’Art contemporain de Venise avec son exposition « Cold Morning ». En 2011, il a réalisé à la National Gallery de Londres le film Black Mirror at the National Gallery. Actuellement, il prépare une collaboration avec le Museu de Arte Moderna de Sao Paolo qui sera présentée à la Biennale d’Art contemporain de Sao Paolo en 2014. Parmi ses récentes expositions personnelles : « Mark Lewis : Pull Focus » au Vanabbemuseum de Eindhoven, en 2013, « Mark Lewis : 8 Days » à la Vancouver Art Gallery de Vancouver. Mark Lewis enseigne au Central Saint Martins College of Art de Londres, à la University of the Arts de Londres et il est cofondateur et coéditeur, avec Charles Esche, de la revue Afterall – A Journal of Art, Context and Enquiry (Londres, Los Angeles et Anvers).

Toutes les images: Mark Lewis, Invention au Louvre, 2014. Film HD coul., sil. © Mark Lewis et l’ONF