Après avoir découvert le développement d’une image dans une chambre noire, j’ai étudié la photographie pendant 4 ans (C.A.P de photographie puis école Icart photo jusqu’en 2007).

Pendant ces années de formation, j’ai développé un travail proche du documentaire en travaillant essentiellement avec des boitiers argentiques. Ma pratique de la photographie était alors liée à la notion de voyages, de rencontres avec l’extérieur.

De 2005 à 2009, j’ai réalisé des reportages sur les murs de séparation (Isräel / Palestine, Etats-Unis / Mexique, Belfast en Irlande du Nord, Berlin, Maroc / Espagne…).

Mon passage au numérique a changé ma manière de pratiquer la photographie. Déçue des premiers résultats, où selon moi il manquait la magie et la texture de l’argentique, je me suis orientée vers quelque chose de moins réel. J’ai réalisé qu’il était possible de « tout faire » et pas seulement de « tout voir ».

Mon travail s’est peu à peu nourri de mises en scène jouant sur la frontière entre réalité et fiction. Aujourd’hui, je crée mon propre espace imaginaire pour mieux parler de notre rapport au monde. - Sarah Bouillaud

Variantes à la tête de biche

C’est dans une boutique de vêtements d’occasion à Montréal que j’ai trouvé par hasard un masque de girafe. De 2010 à 2012, j’ai commencé peu à peu à photographier ma famille et mes amis avec cette prothèse dans des situations du quotidien, au départ réelles, que nous vivions. J’interrompais ce moment et m’amusais à transformer la scène que j’avais sous les yeux en un univers étrange où tout était possible.

Cette série a été une aventure ludique. J’aime que la photographie soit un plaisir, parfois un jeu, qui rejoigne les mondes de l’enfance et du rêve. Mes images sont ainsi influencées par ma passion pour les univers sombres et décalés, comme Tim Burton ou Charlie Chaplin.

Je travaille beaucoup à l’intuition, sans forcément préparer accessoires et décors. Je suis très à l’écoute d’un mouvement que peut faire la personne qui pose, ou de l’environnement qui m’entoure, de l’orage ou du rayon de soleil qui peuvent surgir.

Avec cette série, j’ai eu la chance de participer et remporter le concours SFR Jeunes Talents, ayant pour thème “Natures Artificielles”, ce qui m’a permis d’exposer mes images à la Gare Saint-Sauveur à Lille en 2013.

“Variantes à la tête de biche” a donné suite à d’autres séries : “Souvenirs des autres”(2013), un voyage photographique en Italie et Slovénie du journal intime qu’une grand-mère laisse en heritage, puis “Héros des Temps Modernes”(2013), travail photographique en collaboration avec Yann Castanier, des mises en scènes jouant sur l’absurdité du monde du travail.