Le titre, Refaire surface, installe d’emblée le propos que Philippe Richard développe à la galerie. Il s’agit bien de surfaces, de peintures dont il est question mais aussi de langage, pictural ou comme la capacité à exprimer une pensée, à jouer avec les signes. S’il est indéniable que l’artiste est peintre, il se décrit volontiers comme un peintre qui construit ou un constructeur qui peint.

Avec Refaire surface, Philippe Richard renoue avec ses constructions peintes en volume. Depuis 1993, son travail oscille en effet entre des oeuvres bidimensionnelles (tableaux, oeuvres sur papier, peintures murales de grand format) et des constructions en trois dimensions inscrites dans l’espace. Jouant avec les probabilités, les variations, les combinaisons, l’artiste expose ici des peintures et différents volumes qui se côtoient, s’entrechoquent, dialoguent entre eux dans tout l’espace de la galerie. Celle-ci devient pour l’occasion le terrain de jeu de l’artiste.

Philippe Richard utilise toutes les possibilités qui lui sont offertes : le volume de la galerie, le potentiel offert par les peintures exposées, l’échelle des oeuvres, les modes d’accrochage et de présentation. Dans certains cas, le statut des oeuvres même se trouve questionné. Les pièces ainsi manipulées deviennent comme autant d’éléments visuels appartenant à d’innombrables installations picturales précaires. Ces rapprochements ou proximités permettent d’envisager un parcours dans l’exposition favorisant divers points de vue. Cela donne la sensation que tout peut être reformulé constamment. Philippe Richard aime les contradictions, les paradoxes. Le sentiment d’impermanence qui est à l’origine de l’histoire du tableau et de la peinture est contredite ici par la précarité du dispositif mis en place.

Un catalogue du travail de Philippe Richard est édité par la Galerie municipale Jean-Collet à l’occasion de l’exposition avec un texte critique de Danielle Orhan. Il sera disponible début janvier sur simple demande.

Né en 1962, Philippe Richard vit et travaille à Paris. En 1993, il obtient une bourse de la Fondation Cartier pour l’art contemporain ; en 1994, la bourse « Villa Médicis hors-les-murs » pour effectuer un séjour en Islande, puis en 1997 une aide du Ministère de la culture (FIACRE) pour vivre une année à New York. En 2009, le musée Matisse du Cateau-Cambrésis l’invite pour un projet important Rien à voir avec Matisse réalisé au sein des collections. En 2012, il intervient au musée des Beaux-arts de Dunkerque pour le projet Autre pareil, une carte blanche afin de revisiter les collections, exposition comprenant cinq volets et s’étendant sur près de deux ans. En 2013, il investit la Conque de Nanterre avec une peinture monumentale Epidémental, projet visible jusqu’en juillet 2015. En 2014, il partage le commissariat avec Peter Soriano de l’exposition collective Real Estate à la Fondation Ventana à New York.