Off Biennale Budapest est un projet créé par des curateurs indépendants et des artistes établis à Budapest. Un des objectifs est de développer et de compter sur des structures qui ne sont pas financées par l’Etat, à un moment où le gouvernement de droite de Hongrie transforme radicalement les structures institutionnelles en faveur d’un agenda conservateur et nationaliste ou coupe le financement de l’art contemporain.

L’exposition à la galerie Thomas Bernard - Cortex Athletico montre le travail de quatre artistes qui s’intéressent à des structures à la fois spatiales et sociétales mais aussi aux stratégies d’échappement et de mise en question de ces structures. Bien qu’il y ait de nombreuses connexions conceptuelles entre les artistes exposés, leurs oeuvres développent des complexités et des élans psychologiques qui suggèrent d’abandonner toute tentative de catégorisation par un concept strict et de croire au pouvoir des oeuvres individuelles tout autant qu’au dialogue riche qu’elles évoquent.

Le travail sculptural de György Jovánovics est fortement conceptuel et informé par l’histoire de l’art et la littérature. Ses reliefs en plâtre, méticuleusement construits, relèvent de la tension entre la surface et l’espace tridimensionnel ainsi que de la tension entre l’ordre et la complexité. Vivant à Berlin dans les années 1980 il a produit une série de reliefs en plâtre coloré qui semblent unir les gradations Turneresques de couleur avec l’avènement de la nouvelle « peinture sauvage » des années 1980. Ses deux objets de 1995, intitulés énigmatiquement Maison du producteur de lavande et Maison de la femme du producteur de lavande transforment ses investigations sur la lumière et l’ombre en quasi-modèles architecturaux constructivistes.

Les collages d’ Eva Kot’átková traitent des relations de l’individu avec les structures normatives sociales et institutionnelles, comme le gouvernement, l’école ou la famille. Elle donne forme à l’invisible, disciplinant la force exercée par des règles, les conventions et les rituels : objets ressemblant à des cages, se comportant comme des contraintes physiques envers des parties du corps, illustrations coupées dans des manuels médicaux et images de gens emmêlés dans des cordes sont des motifs récurrents dans son travail. Le travail d’Eva Kot’átková, poétique, sombrement humoristique et occasionnellement sinistre, compte le surréalisme Tchèque et la littérature absurde parmi ses inspirations.

Le travail de Josef Dabernig est lui aussi souvent concerné par des normes sociales et le corps. Son film Hypercrisis, édité selon un système soigneux d’unités de temps prédéterminés, se déroule dans une ancienne maison de repos pour cinématographes soviétiques située dans le Caucase du Sud qui a été réaménagée pour accueillir des écrivains. A présent, uniquement Boris Martow de Moscou, un talent des temps prometteurs de Perestroïka, est inscrit sur la liste des habitants. Entouré par la gloire passée de l’institution pour des artistes privilégiés, le poète tente de vaincre sa crise créative permanente pendant que le personnel (comme d’habitude incarné par les amis et la famille de Dabernig) suit ses étranges rituels quotidiens.

Les dessins à grande échelle de Zsolt Tibor oscillent entre la cartographie analytique des choses, des endroits et des formes et l’ouverture associative du dessin sur papier, malgré des éléments de collage et, plus récemment, de peinture. Tibor se préoccupe de questions sociales, générales et éternelles.

Des aventures et des phénomènes personnels et culturels font partie de son oeuvre sur un plan pictural ainsi que technique. Les dilemmes de la monotonie quotidienne, des luttes de tous les jours et l’existence « idyllique » de la classe moyenne sont évoqués dans la forme de copie, de répétition, d’effacement et dans un équilibre délicat entre la représentation et l’abstraction.

György Jovánovics (né en 1939 à Budapest, vit et travaille à Budapest) est un artiste hongrois éminent qui a commencé sa carrière dans les années 1960 en faisant partie du groupe Ipartev. Il a obtenu une reconnaissance internationale entre autre par son exposition à la Biennale de Venise en 1995. Son travail n’a été montré à Paris qu’à deux reprises : à la Biennale des Jeunes en 1972 (pour laquelle il ne lui a pas été permis de partir d’Hongrie) et au Jeu de Paume pour l’exposition L’autre moitié de l’Europe en 2000.

Les oeuvres d’Eva Kot’átková (née en 1982 à Prague, vit et travaille à Prague) ont été montrées dans de nombreuses expositions internationales, entre autres à la Biennale de Venise, de Moscou (les deux en 2013), de Sydney (2012) et de Lyon (2011). Sa prochaine exposition aura lieu au MIT List Visual Arts Center de Cambridge, Massachusets. C’est la première fois que son travail est montré à Paris.

Les films, photographies et sculptures de Josef Dabernig (né en 1956 à Kötschach-Mauthen, vit et travaille à Vienne) ont été montrés dans des musées et des festivals de film internationales. Parmi ses expositions personnelles en 2014 : Galerie Andreas Huber, Vienne, mummok - museum moderner kunst, stiftung ludwig wien, Vienne, Wilfried Lenz, Rotterdam, Kunstbunker – Forum für zeitgenössische Kunst, Nürnberg. Ses oeuvres sont dans la collection du Centre Pompidou et du Musée d’art moderne de la ville de Paris.

Zsolt Tibor (né en 1973 à Budapest, vit et travaille à Vienne) a présenté des expositions personnelles à la Trafó Gallery, à Budapest (avec Beatrix Szörényi), à la Lukas Feichtner Gallery, à Vienne parmi d’autres. Il a également participé à de nombreuses expositions collectives dans des institutions, comme le SMAK, à Gand ; Ludwig Museum, à Budapest ; Krinzinger Projekte, à Vienne, HIAP à Helsinki et au Kunstverein de Dortmund.

Andreas Fogarasi est artiste.