La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter la nouvelle série de peintures d’Enoc Perez à l’occasion de sa quatrième collaboration avec l’artiste américain né à Porto Rico en 1967.

Alors que les deux dernières expositions organisées par la Galerie à Paris en 2013 et à Bruxelles en 2011 faisaient la part belle aux architectures de l’artiste et à ses sculptures inspirées par l’utopie moderniste, la nostalgie de la culture portoricaine et l’atmosphère des grands hôtels, cette nouvelle exposition dévoile une collection de portraits de femmes à l’influence picassienne revendiquée - entre citations directes de tableaux du maître de la modernité et hommage libre à celui qui fut aussi un grand amoureux des femmes.

« Dans ces peintures, l’oeuvre de Picasso devient un genre pictural, comme le portrait, le paysage ou les natures mortes », explique l’artiste qui a utilisé des autoportraits photographiques postés par des femmes sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter) comme support à ses variations sur l’oeuvre de Picasso. Des anonymes, nouvelles muses numériques, se métamorphosent en autant d’Olga, Marie-Thérèse, Dora ou Jacqueline sous la palette argentée et monochrome d’Enoc Perez. L’artiste organise ainsi la rencontre contradictoire entre le regard féminin que les modèles portent sur elles-mêmes et le prisme résolument masculin de l’oeuvre de Picasso qui oscille entre désir, cruauté et tendresse.

« Pour moi, la peinture est capable de porter simultanément des visions opposées du monde tout en conservant sa force », explique Enoc Perez qui tend, avec cette nouvelle série de peintures, à réinventer le cubisme à l’heure d’Instagram, Facebook et des réseaux sociaux.

« A titre personnel, j’ai toujours voulu réaliser mes propres Picasso, à l’image d’autres artistes – Lichtenstein, Julian Schnabel, Richard Prince et beaucoup d’autres » dit-il : « il fallait juste que je trouve un moyen. Je voulais évoquer les photos et les peintures avec une certaine agressivité, de manière très directe, sans crainte : il fallait que cela ressemble à notre époque ».

Tout en intensité physique, ces portraits de femmes à la palette saturée, chargés d’une matière picturale hachurée et grattée, laissent entrevoir le long travail de l’artiste, additionnant les couches de peinture à la manière de la sérigraphie. La nudité des corps féminins s’évanouit dans cette peinture-palimpseste qui fait émerger une image aux tonalités électriques et profondes comme une gravure.

Enoc Perez est né à San Juan, Porto Rico en 1967 où il est resté jusqu’à la fin de son adolescence. En 1986, il s’installe à New York, où il vit et travaille encore aujourd’hui. Enoc Perez est diplômé du Pratt Institute en 1990 (New York) et obtient son M.A. au Hunter College en 1992 (New York). Dans les années 1990, Enoc Perez participe au mouvement de réaffirmation de la figuration dans la peinture américaine aux côtés de John Currin et Elizabeth Peyton. Depuis le milieu des années 1990, il expose dans de nombreuses institutions notamment avec « Skyscraper : Art and Architecture Against Gravity » en 2012 au MOCA (Museum of Contemporary Art) de Chicago, ainsi que dans le prestigieux musée de la Corcoran Gallery de Washington qui lui consacre une très belle exposition personnelle, « Utopia » en 2012.

Les oeuvres d’Enoc Perez figurent dans de nombreuses collections privées et publiques prestigieuses dont celles du Metropolitan Museum (New York), du MOCA (Miami), du British Museum (Londres), du SF Moma (San Francisco), du Whitney Museum of American Art (New York) et du Hammer Museum (Los Angeles).