Le Petit Palais propose à l’automne une saison sur le thème du Fantastique à travers deux grandes expositions d’estampes.

La première, Kuniyoshi, le démon de l’estampe rassemblera près de 250 estampes et peintures de l’artiste, provenant pour l’essentiel d’une collection particulière japonaise. La seconde, L’estampe visionnaire, de Goya à Redon, présentera plus de 170 œuvres issues des collections du département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France.

Kuniyoshi (1797-1861) - Le demon de l'estampe

Le Petit Palais invite le public à découvrir pour la première fois en France la production d’un artiste hors du commun, Kuniyoshi (1797-1861). Grâce à d’importants prêts japonais, complétés par ceux d’institutions françaises, les 250 œuvres présentées témoigneront de son génie dramatique et de sa beauté expressive. L’exposition explicitera la fonction de cette imagerie et son importance dans la culture japonaise, l’œuvre de Kuniyoshi, ayant largement influencé depuis l’art du manga et du tatouage.

Contemporain presque exact d’Eugène Delacroix, Kuniyoshi est resté moins connu en Occident qu’Hokusai et Utamaro. L’anticonformisme de son œuvre le tint à l’écart de la vague du japonisme décoratif en Europe à la fin du XIXe siècle même s’il fut admiré de Monet ou Rodin. Ses estampes sont caractérisées par l’originalité de leur inspiration et des cadrages, la violence dans les séries de monstres et de combattants, l’humour dans les séries d’ombres chinoises, les caricatures et les représentations de la vie des chats.

Le parcours thématique mettra en lumière la variété stylistique et l’imagination sans limite de l’artiste.

Un espace introductif sera consacré à la présentation de l’artiste et à sa ré- ception en France au XIXe siècle. Suivront cinq sections conçues comme autant de variations sur son œuvre gravé et qui présenteront le foisonnement et l’exubérance de son inspiration. Le visiteur découvrira ainsi une section consacrée aux guerriers et dragons, genre stylistique dans lequel Kuniyoshi a excellé. Puis une seconde salle s’attachera aux acteurs célèbres de Kabuki dont les portraits sont caractérisés par une grande expressivité tirant parfois jusqu’à la caricature. Le parcours s’attardera ensuite sur les plaisirs et divertissements à Edo au travers d’une grande variété d’estampes comme les « bijin-ga » ou beautés féminines plus traditionnelles ou encore des estampes plus originales, les « kodomo-e » ou images d’enfants qui révéleront le regard singulier que l’artiste pose sur les scènes de la vie quotidienne. Puis, le parcours proposera une sélection d’estampes de paysages dont l’angle de vue photographique confère à leur composition un style d’une grande modernité.

L’exposition se terminera par un ensemble majeur d’œuvres satiriques et humoristiques témoignant du talent sans égal de l’artiste pour la caricature. Ces images du quotidien peuplées d’animaux anthropomorphes, chats, oiseaux, crapauds… ont influencé toute une génération de créateurs de mangas. Conçue par Didier Blin, la scénographie audacieuse et contemporaine dialoguera avec l’univers très personnel et original de Kuniyoshi et privilégiera son inventivité formelle caractérisée tant par son exploration des limites des formats que par ses effets de cadrages.

Le catalogue qui accompagnera l’exposition sera la première publication en français consacrée à cet artiste.

Exposition organisée par le Petit Palais et Nikkei.

L’estampe visionnaire: De Goya à Redon

Le Petit Palais invite dans ses murs la Bibliothèque nationale de France pour célébrer pour la première fois, avec une telle ampleur, le monde terrifiant de l’estampe fantastique et visionnaire. Plus de 170 œuvres de Goya à Redon en passant par Delacroix et Gustave Doré introduiront le visiteur dans cet univers omniprésent dans la gravure et la lithographie du XIXe siècle.

Du macabre au bestiaire fantastique, ou au paysage habité, jusqu’à la représentation du rêve ou du cauchemar : le triomphe du noir !

Cette plongée dans l’art fantastique suivra un parcours chronologique. Introduite par une vidéo contemporaine d’Agnès Guillaume convoquant dans un ballet les oiseaux noirs des nuits d’insomnie, l’exposition mettra tout d’abord en lumière les figures tutélaires qui ont influencé l’histoire de l’estampe et qui ont été regardées et réinterprétées par les graveurs du XIXe siècle. La Mélancolie d’Albrecht Dürer, La Tentation de Saint-Antoine de Jacques Callot, Le Docteur Faustus de Rembrandt, une planche des Prisons de Piranèse ainsi qu’une gravure d’après le Cauchemar de Füssli accueilleront le visiteur. L’exposition s’attachera ensuite à montrer la manière dont l’inspiration fantastique évolue au fil de trois générations successives d’artistes. La première période place Eugène Delacroix comme figure centrale de la génération romantique de 1830. Leurs estampes sont de véritables manifestes du romantisme en noir et blanc marqué par l’influence de Goya, importante à cette période. Ses motifs se répandent dans les ateliers et stimulent l’imagination des artistes, la silhouette du diable envahit l’estampe populaire. La deuxième section aborde le néo-romantisme autour de Gustave Doré, artiste le plus emblématique de ce courant : en témoignent notamment ses compositions pour L’Enfer de Dante édité en 1861. Enfin le parcours s’achèvera sur la présentation de planches d’Odilon Redon notamment, qui avec Dans le rêve ouvre la voie du symbolisme.

Grâce à cette présentation, le public découvrira les œuvres des grands maîtres de l’estampe comme Delacroix, Grandville, Gustave Doré, Rodolphe Bresdin, Charles Meryon, Odilon Redon ou Félicien Rops mais aussi d’artistes moins connus tels Alphonse Legros, François Chifflart, Fé- lix Buhot, Eugène Viala ou encore Marcel Roux. Leur production artistique a alors comme point commun de mettre en évidence un « romantisme noir » qui se nourrit de la matière même de l’encre du graveur.

Exposition organisée par le Petit Palais et la Bibiothèque nationale de France.