Du 23 octobre au 22 décembre, la galerie Tornabuoni Art présentera dans son espace parisien la première exposition en France consacrée à l’artiste Paolo Scheggi, sous le commissariat de Luca Massimo Barbero, conservateur associé de la Peggy Guggenheim Collection de Venise et directeur de publication de l’ouvrage à venir Paolo Scheggi : Catalogue Raisonné en collaboration avec Franca et Cosima Scheggi.

Tornabuoni Art retracera les étapes fondamentales de la brève mais intense carrière artistique de Paolo Scheggi, un protagoniste majeur de l’avant-garde milanaise des années 1960, exposant les différentes typologies d’oeuvres de l’artiste: des oeuvres composées de tôle superposée de la fin des années 1950 aux premiers Intersuperfici aux formes irrégulières et organiques du début des années 1960, tout en passant par la mémorable installation de la Biennale de Venise de 1966 ainsi que, et pour la première fois, de la poésie visuelle et des performances.

Conférence « Paolo Scheggi et la scène culturelle milanaise des années 1960 »

Parallèlement à l’exposition « Paolo Scheggi » tenue à la galerie de Paris, une conférence intitulée « Paolo Scheggi et la scène culturelle milanaise des années 1960 » se tiendra à l’Auditorium de la FIAC le 22 octobre à 15h30, en présence de Luca Massimo Barbero, conservateur associé de la Peggy Guggenheim Collection de Venise, et Serge Lemoine, Professeur émérite à l’Université Paris Sorbonne. La conversation sera modérée par Judith Benhamou-Huet, journaliste et commissaire d’exposition. Bien plus qu’un hommage au bref mais intense parcours artistique de Scheggi, cette conférence permettra une réflexion approfondie sur les artistes de l’avant-garde italienne.

À propos de l’artiste

Paolo Scheggi (Settignano, Florence 1940 - Rome 1971) a accompli un parcours artistique extraordinairement intense et interdisciplinaire, exploitant les arts visuels, l’architecture, passant par la mode, la poésie, la performance urbaine et théâtrale afin d’atteindre une réflexion conceptuelle et métaphysique. Imprégné de la culture humaniste, existentialiste et phénoménologique, de part sa relation avec Jean Paul Sartre, il déménage de Florence à Milan en 1961.

C’est à ce moment là qu’il entre en contact avec les nouvelles recherches du chef-lieu lombard et suit Lucio Fontana et Bruno Munari en fréquentant le groupe autour de Azimut/h et les premiers représentants de l’Arte Programmata (Art Programmé), devenant, de manière précoce, un point de référence de l’avant-garde internationale, et participant activement au débat et aux projets des groupes Zéro, Nul et de Nuove Tendenze (Nouvelles Tendances).

Il n’est point étonnant que Lucio Fontana suive son travail avec une sensibilité attentive depuis 1962. Dans une lettre adressée au jeune Paolo Scheggi expressément écrite pour le catalogue de sa seconde exposition personnelle à la galerie il Cancello à Bologne, il dit :

« Ton oeuvre est très intelligente, comme logique, même s’il peut exister des divergences entre nous, qui sont en ta faveur. Tu es un homme de ton temps [...]. J’aime tes inquiétudes, tes recherches et tes tableaux si profondément noirs, rouges, blancs, qui indiquent ta pensée, ta crainte. »

Le monochrome, le sens de l’espace, la conscience du temps comme perception et action, l’usage décalé de la parole et du langage sont les éléments fondamentaux de la recherche artistique de Paolo Scheggi qui, à seulement 26 ans, fut le plus jeune artiste invité à la 33ème Biennale de Venise où il présenta ses quatre Intersuperfici de couleurs blanche, bleue, jaune et rouge.

Entre 1966 et 1967, et parallèlement à sa participation à des nombreuses manifestations artistiques à Paris, Buenos Aires, New York, Hambourg, Düsseldorf, Zagreb (et bien d’autre encore), il expérimenta avec des intégrations plastiques, l’architecture, l’action et l’écriture théâtrale en dépassant non seulement la toile mais aussi l’espace traditionnel de la galerie pour s’emparer de la ville comme ce fut le cas avec Campo urbano à Côme, l’action Oplà-Stick à Milan et à Zagreb et OPLÀ. Azione-lettura teatro à Florence en 1969. Le deux années suivantes, Scheggi s’engage dans une recherche conceptuelle qui le verra aboutir avec ses 6profetiper6geometrie.

La production de Paolo Scheggi, mort à l’âge de 31 ans, est très limitée. Depuis quelques années et surtout depuis la naissance de l’Associazione Paolo Scheggi à Milan sous la volonté de Franca et Cosima Scheggi, veuve et fille de l’artiste dans le but de défendre, promouvoir et approfondir sa recherche, son travail est suivi de près par les collectionneurs les plus pointus et exigeants.

Parmi les expositions récentes dédiées à l’artiste figure « Omaggio a Paolo Scheggi » lors de l’exposition « Postwar. Protagonisti Italiani » présentée à la Peggy Guggenheim Collection à Venise sous le commissariat de Luca Massimo Barbero.

Un hommage à la Biennale de Venise de 1966

Au sein de la rétrospective, Tornabuoni Art consacre un espace à quatre oeuvres de Paolo Scheggi ; quatre Intersuperfici que la galerie a récemment réunies à Art Basel - Basel pour la première fois depuis leur exposition à la Biennale de Venise de 1966 dans une salle partagée par Paolo Scheggi, Agostino Bonalumi, Riccardo Guarneri et Pasquale Santoro.

La Biennale de 1966 constitue un moment crucial pour la recherche artistique développée à Milan dans les années 1960, en ce qu’elle témoigne de l’impact qu’a eu le monochrome sur l’avant-garde et de l’influence des recherches menées par le groupe Azimut/h. Dans le Padiglione Italia ne se trouvait pas seulement Lucio Fontana avec ses entailles déjà célèbres, mais également Agostino Bonalumi avec quatre peintures monochromes blanches, et par-dessus tout Paolo Scheggi qui occupait une position prédominante : l’installation complète dépassait les 6 mètres de long.

Quarante-neuf ans plus tard, la galerie Tornabuoni Art est fière de présenter ce projet, rendu possible grâce à l’étroite collaboration de l’Associazione Paolo Scheggi, de Luca Massimo Barbero et grâce à un prêt exceptionnel du Museum für Konkrete Kunst d’Ingolstadt, en Allemagne.

Une recherche d’archives approfondie a révélé des photographies jamais vues auparavant de la participation de Paolo Scheggi à la Biennale de 1966, mais également des images antérieures de l’artiste dans son studio avec les quatre peintures et des photographies encore jamais publiées de Julio Le Parc, Lucio Fontana, Agostino Bonalumi et d’autres protagonistes de la scène artistique des années 1960. Ce précieux matériel est publié aux côtés d’une documentation contemporaine dans un catalogue complet édité sous la direction de Luca Massimo Barbero et qui est disponible à la galerie.