Guillaume Pinard est de retour

L’accroche est un peu forte, certainement usée jusqu’à la corde, mais elle a le mérite de ce que la locution inspire. Elle suggère une dimension épique, donne au personnage la contenance d’un héros romanesque, présume d’un rôle à jouer si possible avec style.

La dernière fois que Guillaume Pinard s’était installé à la galerie anne barrault, c’était pour sonder, au delà de son profil interdisciplinaire, sa légitimité de peintre. Le peintre en soi, les peintres au fond de lui : l’amateur ou le plus érudit, l’éclairé comme le moins délicat. C’était l’apostrophe du moment. Il se confrontait à sa pratique, humble, consciencieux, comme relevant une épreuve, les mains dans la corvée. Capable de ceci, dégourdi à cela, inapte à ce trait ci, maladroit en cette teinte…

Jubilatoire expérience qui l’amène aujourd’hui, comme en deuxième semaine, à laisser de côté l’espace d’un temps seulement, la question du légitime. Délesté de la charge, Guillaume Pinard peut librement fouler les territoires multiples, sauvages et escarpés de sa peinture intime afin de la cartographier très minutieusement. Et c’est bien là, le but. En jouant les conquérants discrets ou les aventuriers imprudents, c’est au choix, il répand comme à son habitude ses images par associations ou par liens. Il les dispose comme des bornes sur un fond à combler, un périmètre, une carte à souiller, en traçant des filiations qu’il suppose évidentes. D’un point à un autre, d’une ligne à un sujet, il trace. Il s’empresse et le plus vite possible en évitant les arrêts trop brutaux. Les matières se relient, une couleur amène une teinte, un cadre conduit à un format. Le peintre et le cartographe ne sont qu’un seul visage que Guillaume Pinard s’efforce de montrer, diligemment, efficacement. Le rôle est à tenir.

« La Diligence », l’intitulé de sa nouvelle exposition, évoque bien sûr cette promptitude à s’exécuter à la tâche, à faire vite et bien, enfin le mieux possible. Un empressement fiévreux, sans retenu. Le titre fait aussi penser, évidemment, au véhicule tiré par les chevaux, cette hippomobile qu’on voit dans les westerns, qui permet à ses passagers de traverser des terres arides, hostiles, uniques. Pour que l’attelage arrive à la bonne garnison, Guillaume tient les rênes de ses introspections. Pour évaluer sa peinture, il sait qu’il doit passer par tel ou tel endroit. Et peu importe le sens ou l’ordre de la direction puisque seul le mouvement compte.

Guillaume Pinard est un artiste français, né en 1971. Il vit et travaille à Rennes.

Ainsi, très tôt, ai-je commencé à considérer les oeuvres d’art comme des portes et je peux affirmer que c’est à leurs seuils que je cherche encore à me tenir. - Guillaume Pinard

Guillaume Pinard s’est formé à l’École Régionale des Beaux-Arts de Rennes. Il est un observateur averti de l’art et des artefacts culturels dont il scrute les occurrences et les significations cachées. S’il se définit volontiers comme un dessinateur, il compose également avec de nombreux médiums comme la peinture, la sculpture ou encore l’animation vidéo et explore des styles très éclectiques. Depuis une dizaine d’années, il s’approprie des oeuvres du passé par un travail de copiste et se projette dans le futur à travers des fictions illustrées.

Son travail a été présenté à l’occasion d’expositions personnelles telles que en 2015 : Du Fennec au Sahara à la Chapelle du Genêteil à Château-Gonthier et Un Trou dans le décor au Quartier, à Quimper. Egalement: Royal Iris à la galerie anne barrault à Paris (2014) ; Vandale au BBB de Toulouse (2013) ; Trésor au Centre d’Art de Cajarc (2012)...

Ses oeuvres ont également été montrées dans le cadre d’expositions collectives dans divers lieux tels que Le Portique, au Havre ; le FRAC Limousin, à Limoges ; le Musée des Beaux-Arts de Rennes ; La Station, à Nice ; ou encore à l’Atlanta College of Art Gallery. Il est l’auteur de AMOR (2015), Un art sans destinataire (2012), Le Clou sans tête (2008). Plusieurs critiques et journalistes ont écrit sur son travail parmi lesquels : Emmanuelle Lequeux, Ken Johnson, Bénédicte Ramade, Timothée Chaillou, Antoine Isenbrandt, Julie Portier, Brigitte Ollier, Louise Grislain…