L’œuvre d’Adel Abdessemed (né en 1971) se joue entre pratique libre du dessin, dialogue avec la poésie, et prise en compte des enjeux de notre monde, au travers des formes. Elle a été présentée dans de nombreuses institutions notamment à la biennale de Lyon (2007), la biennale de La Havane, la biennale de Saõ Paulo, à trois biennales de Venise (1997, 2003, et 2015) ; des expositions lui ont été consacrées notamment à PS1/MoMa; au MIT List Art Center ; au Musée National d’Art Moderne – Centre Georges Pompidou. En 2015, son œuvre Nymphéas a été présentée dans la première salle de la Biennale de Venise d’Okwui Enwezor en dialogue avec Bruce Nauman. En 2016, il a été l’invité du Festival d’Avignon avec l’exposition et la publication Surfaces ; et de la commande publique Bold Tendencies, à Londres, qui donnera lieu au livre Bristow, sous la direction de Hannah Barry, Donatien Grau et Hans Ulrich Obrist. En 2016, aussi, a paru une somme en trois volumes aux éditions Walther König, Works, avec des contributions d’éminents penseurs et théoriciens. En octobre, il a participé au Miracle Marathon des Serpentine Galleries, en conversation avec Edna O’Brien.

Pour son exposition à Cahiers d’Art, intitulée « Politics of Drawing », Adel Abdessemed a conçu trois éditions: Hibou, Cerf, Pigeon. Ses œuvres, Hibou une édition de dix-huit et Cerf et Pigeon chacune une édition de trois, partent de l’image de ces animaux que l’artiste qualifie de « frères lointains », et, après les avoir transposées avec le charbon de bois sur le papier, les transforme à nouveau par le processus de l’impression. Elles jouent avec les échelles, allant de plus de deux mètres pour Cerf et Pigeon, à Hibou, grand de plus d’un mètre, et habitent l’espace de la galerie de la rue du Dragon. Comme le dit l’artiste à propos de Cerf : « Je crois avoir rencontré le cerf au bout de la nuit dans des marches en forêt... ». On se retrouve là au milieu de ce qu’il appelle des « présences inévitables représentées sans aucune intention de les exorciser, mais plutôt pour les exalter… ».

L’exposition intègre également une série de dessins originaux de l’artiste, Exil, développant un motif apparu dans son langage en 1995, avec le néon du même titre. A cette occasion, le poète Adonis, avec qui Adel Abdessemed a réalisé un ouvrage d’artiste, Le Livre des AA (Yvon Lambert, 2015), et un livre de correspondance, La peau du chaos (Actes Sud, 2015), a écrit un poème, « L’océan du réel », qui sera présenté pour la première fois à la galerie.

Avec « Politics of Drawing », l’artiste nous invite avec virtuosité à « un déplacement continu, émotionnel, spirituel et nu pour la sauvegarde de la vie », à une interrogation de notre humanité, à une « considération sur l’état actuel du monde ». Les dessins apparaissent alors « non pas comme des reflets fixes, mais en mouvement... ».