Hiatus, la nouvelle exposition personnelle de Pierre Schwerzmann, propose une compréhension du développement de sa peinture en partant de nouvelles toiles dans lesquelles il aborde la puissance de la couleur par des jeux de vertige jusquʼà des propositions inédites : des peintures-miroirs.

Lʼœuvre picturale de Pierre Schwerzmann se consacre à la dynamique, ou tension, créée par la relation étroite entre ce qui fait image et les effets phénoménologiques qui lui sont corolaires. Lʼeffet produit par ses peintures nous met notamment souvent dans une position inconfortable où la surprise sʼajoute à la déstabilisation visuelle. Cʼest également dans cette déstabilisation et cette surprise, dans ces mouvements dynamiques, que sʼeffectue notre relation à lʼœuvre.

Le projet Hiatus dénote dʼune position forte, un engagement intellectuel assumé face à la pratique sensible de la peinture. En linguistique, lʼhiatus définit la succession immédiate de deux voyelles sonores appartenant à des syllabes ou deux mots différents. Si son usage en littérature, et davantage en poésie, a varié selon les périodes historiques, il est bien plus rare et difficile de lʼévoquer en peinture ! Ce qui demeure néanmoins marquant au regard des toiles de Schwerzmann cʼest lorsque lʼon se remémore la signification latine du terme : ouverture béante. Réside ici le souci majeur du peintre : une attention particulière au passage de lʼœil vers lʼespace de la peinture.

Lʼhiatus devient alors autant le moyen que la forme dʼune analyse du sensible sur la toile. Chaque œuvre, quelle soit toile ou peinture murale, tend à mettre en lumière lʼinvisible du monde, constituant aussi primordial que constitutif de notre système humain de pensée. Nul ne penserait pouvoir comprendre le monde sans faire appel à lʼensemble de nos fonctions cognitives supérieures : la perception, le raisonnement et le langage principalement. Les toiles de Schwerzmann provoquent à leur tour le débat et engagent la discussion.

Texte de Marco Costantini