Pour la quatrième exposition depuis son ouverture, La Patinoire royale s’immisce au cœur de l’univers baroque et extraverti du sculpteur Joana Vasconcelos avec cette grande rétrospective, la première jamais organisée en Belgique, qui confronte le gigantisme du lieu au travail de cette artiste protéiforme.

Joana Vasconcelos, la Portugaise née en France, fut la première - et à ce jour la seule - femme invitée à Versailles en 2012 pour une exposition magique et festive. La plus jeune artiste ayant jamais exposé à Versailles investit aujourd’hui la totalité des espaces de la Patinoire à Bruxelles : la nef et sa fascinante charpente en bois, la galerie sous verrière et le Lab, espaces annexes situés au premier étage et au rez-à-rue.

Empruntant à Jules Vernes cet univers peuplé de pieuvres et de créatures tentaculaires immenses, cette exposition est une plongée, Vingt Mille lieues sous les Mers, dans la féérie des couleurs, des formes et des matières de l’artiste. Jonglant avec les techniques de broderies, de dentelles, de crochets, de patchworks et de paillettes directement dérivées des Arts appliqués et de la pratique traditionnelle portugaise des travaux d’aiguilles, Joana Vasconcelos convie le spectateur au généreux banquet de la sculpture et de la peinture textile, sans modération, avec une gargantuesque gourmandise artistique qui la caractérise.

Si le monde des paruriers, fournisseurs de grandes maisons de couture, a été qualifié à raison d’ « industrie du sourire » par sa capacité à apporter de la lumière, de la fantaisie et de la joie aux œuvres auxquelles il donne du brillant, c’est aussi avec un immense sourire que l’on aborde cette exposition rendant hommage à une création tellement féminine, incarnée dans des œuvres monumentales, mais également dans des productions beaucoup plus intimistes.

Joana Vasconcelos a transformé cette pratique de l’aiguille en pure expression artistique, parfois monumentale, où la démesure le dispute à l’excentricité, dans une recherche jamais démentie d’extravagance et d’excès, n’excluant ni finesse ni excellence.

Animaux et statues paraissent recouverts d’une mantille de dentelle tout en pudeur, conférant à leurs formes tellement familières des accents particulièrement doux et délicats, parfois inquié- tants, mais toujours ra nés. L’exposition intitulée à dessein « De fil(s) en aiguille(s) » invite le spectateur à se faufiler entre les bras d’une pieuvre géante, longue de plus de 25 mètres, pour ensuite se confronter aux « Douches », curieux assemblage de sculptures textiles et de miroirs, se laisser aspirer par les tableaux textiles « Crochet paintings », débordements incontrôlés de crochet hors cadre, et s’arrêter devant la sculpture monumentale « Petit Gâteau », constituée d’une myriade de petits moules à gâteaux.

Une telle exposition est une explosion de couleurs et de formes, une éruption de bonne humeur et d’insouciance, invitant le spectateur à une vaste fête de la perception, qui est aussi une réflexion sur les notions constitutives même de l’art : forme, couleurs, lignes, surfaces, textures, ... Emportant le visiteur dans une virevolte délirante d’exubérance, Joana Vasconcelos chante également toute la fantaisie dramatique d’un fado portugais.

Joana Vasconcelos est née à Paris en 1971. Elle vit et travaille à Lisbonne et expose réguliè- rement depuis le milieu des années 90. C’est après sa participation à la 51ème Biennale de Venise en 2005, que son travail connaît une reconnaissance internationale. Les expositions les plus significatives de sa carrière incluent la Trafaria Praia, projet pour le Pavillon du Portugal à la 55ème Biennale de Venise en 2013 ; une exposition personnelle au château de Versailles en France en 2012 ; une participation à l’exposition collective « the Wolrd Belongs to You » au Palais Grassi – fondation François Pinault à Venise en 2011 ; et sa première rétrospective tenue au Musée Coleção Berardo de Lisbonne en 2010.

Vasconcelos a eu de nombreuses expositions personnelles et des projets notamment lors de la 56ème Biennale de Venise en 2015 ; au Waddesdon Manor - Rothschild Fondation, Buckin- ghamshire, Royaume Uni (2015); à la Manchester Art Gallery (2014); au Musée d’art de Tel Aviv (2013); au Palácio Nacional da Ajuda à Lisbonne (2013); au CENTQUATRE, Paris (2012); au Kuns- thallen Brandts, Odense, Danemark (2011); au Es Baluard, Palma de Mallorca, Espagne (2009); à la Pinacoteca do Estado de São Paulo (2008); au Palazzo Nani Bernardo Lucheschi, Venise (2007); à la New Art Gallery Walsall, Royaume Uni (2007); au CaixaForum, Barcelone (2006); au Passage du Désir/BETC EURO RSCG, Paris (2005), au Centro Andaluz de Arte Contem- poráneo, Seville, Espagne (2003); au Museu da Eletricidade, Lisbonne (2001); et au Museu de Arte Contemporânea de Serralves, Porto, Portugal (2000).

Vasconcelos a également participé à de nombreuses expositions collectives telles qu’au Mu- seo Thyssen-Bornemisza, Madrid (2015); au Kulturhuset Stadsteatern, Stockholm (2014); au FRAC Bourgogne, Dijon, France (2013); au ARTIUM, Vitoria-Gasteiz, Espagne (2012); au Natio- nal Museum of Women in the Arts, Washington, DC (2011); à la Fundação Calouste Gulbenkian, Lisbonne (2010); au Garage Center for Contemporary Culture, Moscou (2009); au FRAC Île-de- France/Le Plateau, Paris (2008), au MUDAM, Luxembourg (2007); à Istanbul Modern (2006); au MUSAC, Léon, Espagne (2005); au Stenersenmuseet, Oslo (2004); au MARCO, Vigo, Espagne (2003); au Mucsarnok, Budapest (2002); et à la 26ème Biennale de Arte de Pontevedra, Es- pagne (2000). Le travail de Vasconcelos a été relayé dans de nombreux ouvrages dont les plus récents sont Material World (Thames & Hudson, 2015); Nature Morte de Michael Petry (Thames & Hud- son, 2013); Sculpture Now d’Anna Moszynska (Thames & Hudson, 2013); The Naked Nude de Frances Borzello (Thames & Hudson, 2012); Arte Portuguesa: História Essencial de Paulo Perei- ra (Temas e Debates and Círculo de Leitores, 2011), 2010); Tactile: High Touch Visuals, édité par Sven Ehmann, Matthias Huebner, et Robert Klanten (Gestalten, 2009); et Regard sur la sculpture contemporaine de Gérard Xuriguera (FVW, 2008).

Le travail de Vasconcelos a également été repris dans la presse comme Architectural Digest (Madrid, Milan); Art Actuel (Stains, France); Art+Auction (New York), Artforum (New York); Art Press (Paris); Beaux Arts (Issy-les-Moulineaux, France); Contemporary (Londres); Flash Art (Mi- lan); Tema Celeste (Milan); and The Art Newspaper (Londres) ; El Mundo (Madrid); El País (Ma- drid); Financial Times (Londres); International Herald Tribune (Paris); L’Express (Paris); Le Fi- garo (Paris), Le Monde (Paris); Libération (Paris); The Daily Telegraph (Londres); The Guardian (Londres); The Independent (Londres); et The New York Times (New York).