La Galerie Thaddaeus Ropac présente The Beginning of Something Else, une nouvelle exposition de Wolfgang Laib.

Six Brahmanda (œuf de Brahma en Sanskrit) seront disposés au centre de l’espace principal. Taillées dans un granit noir d’Inde, ces sculptures de forme ovoïde font référence à la première œuvre créée par Laib en 1972. Etudiant en médecine à l’époque, il revient tout juste d’un voyage de trois mois en Inde. Inspiré par des objets tant usuels que cérémoniels, il sculpte un parfait Brahmanda après avoir découvert une pierre noire dans une carrière près de chez lui en Allemagne. Cette expérience le mènera à renoncer à une carrière de médecin pour devenir artiste.

Wolfgang Laib a toujours privilégié l’idée d’une continuité plutôt qu’une recherche d’une innovation ou un développement formel. Sa pratique doit moins être appréhendée de manière chronologique que par les formes et les matières qui reviennent de façon cyclique dans son travail. Quarante cinq ans après ce geste séminal, le Brahmanda demeure une clé pour comprendre son œuvre. Si cette forme symbolise la création du monde, elle questionne aussi les notions d’auteur et de subjectivité généralement associées à l’acte artistique. Bien que Wolfgang Laib se définisse comme artiste, il se considère davantage comme un vecteur privilégié des idées d’universalité et d’intemporalité déjà présentes dans le monde naturel.

Dans Wolfgang Laib: A Journey (1997) Clare Farrow écrit : « Nous avons souvent le sentiment que l’artiste participe à un processus ancien et universel, un cycle perpétuel de débuts et de fins ». Wolfgang Laib cherche constamment à restaurer une relation spécifique à la nature qui, selon lui, a été modifiée par la science. Dans son travail, l’infiniment petit est souvent lié à l’infiniment grand de manière à reconfigurer notre place dans l'univers.

L’installation sera entourée d’une frise de 28 dessins en grand format. Ces œuvres sur papier sont à l’origine inspirées du rituel exécuté par les prêtres Shintô dans le temple Meiji à Tokyo lors de la cérémonie du prix Praemium Imperiale, que Wolfgang Laib a reçu en 2015. Les prêtres vêtus de blanc entament une procession autour de feux disposés dans la cour du temple, à la lumière de la lune. Cette suite de dessins réalisés au pastel blanc sur papier blanc illustre un cycle de lune, un voyage à travers les montagnes blanches. Les formes subtiles libèrent progressivement une impression de vide jusqu’à ce que le dessin atteigne un état immatériel. Selon Laib : « Plus on complique les choses, plus on perd l’essentiel. En renonçant on parvient à plus de choses. » Certains dessins comportent des textes qui rappellent les poèmes présents dans les estampes chinoises et japonaises. Les citations sont issues des Upanishad, un recueil de textes sanskrit, qui forme la base théorique de la religion Hindou ; d’autres proviennent du Tao Te Ching, un texte fondamental pour la pensée Taoïste. Wolfgang Laib intègre également des citations de Rumi, un poète et mystique perse du 12ème siècle. Le dernier dessin présente une inscription que l’on trouve habituellement dans les églises italiennes.

Le travail de Wolfgang Laib est profondément lié à son expérience de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est, qu’il découvre une première fois adolescent lors d’un voyage en famille. L’artiste vit maintenant entre l’Inde et l’Allemagne. Pour son prochain projet, il prévoit de réaliser une sculpture de 18 mètres dans les collines de granit du Tamil Nad. Sculpté à même la montagne, le Brahmanda monumental resterait attaché à la paroi, comme une œuvre commémorant son admiration et son respect pour l’Inde, sa culture et ses traditions.

Wolfgang Laib (né en 1950 à Metzingen, Allemagne) étudie la médecine à l’université de Tübingen avant de devenir artiste. En 1982, il participe à la documenta 7, et en 1986 sa première grande exposition institutionnelle a lieu au Musée d’art moderne de la ville de Paris. En 1987, son travail est présenté à la documenta 8. S’ensuivront d’autres expositions personnelles notamment au Hirshhorn Museum, Washington DC (2002), Dallas Museum of Art, Texas (2002), Haus der Kunst, Munich (2002/2003), Fondation Beyeler Riehen/Basel (2005/2006). Sa plus grande sculpture Pollen a été exposée dans l’atrium du MoMA à New York en 2013. La même année la première installation permanente en cire d’abeille est inaugurée à la Phillips Collection à Washington DC. En 2015, il reçoit le prix Praemium Imperiale à Tokyo. En 2017, ses œuvres sont présentées au Secrétariat à Yangon, Myanmar. Une exposition d’envergure aura lieu au Musée d’art moderne de Lugano du 3 septembre 2017 au 7 janvier 2018.