Physical Painting réunit à l’initiative de la galerie Danysz Gong Chenyu & Wu Jianjun, deux peintres de générations (l’un est de 1988 et l’autre de 1966), d’origines et d’écoles différentes. A priori rien ne les relie, pas de mouvements ou d’influences communes. A priori seulement. Puisqu’en observant intensément leurs travaux, il se dégage étrangement un point commun : la représentation singulière des visages et des corps rendue possible par une combinaison de techniques picturales donnant naissance à une représentation unique, à la fois floue et figée dans le temps. Le goût de la peinture, la bonne peintre comme on aime à dire, les réunit. L'exposition est la manifestation concrète en Chine continentale de l'initiation d'un mouvement pictural chinois profond, celui d’une peinture à l’huile renouvelée et originale.

Wu Jianjun dépeint une qualité intangible des corps : dans ses peintures, la peau n’est pas montrée intentionnellement mais une force habite ces corps incandescents, mis en lumière par les couleurs utilisées à la manière d'une caméra thermique. Ses peintures ne sont ni illustrations, ni narrations, il n’exige aucune interprétation, aucune compréhension. Ses oeuvres sont faites pour être ressenties, elles n'attirent pas notre intelligence mais embrassent notre animalité. Les visages et les corps apparaissent sur fond vert et frappent directement le regard touché par l’émotion - irréalistes, parfois inquiétants : ils portent une vérité instinctive. Wu Jianjun peint ce qui ne change pas, ce qui a toujours été et ce qui sera toujours là, aussi longtemps que l'homme existera.

Gong Chenyu crée des univers à la fois bruts et fantasmagoriques, dans des tons de gris et de marron naturels, qui révèlent tensions et oppositions. Il représente avec un réalisme exacerbé les différents sujets - hommes, animaux, objets du quotidien qui prennent vie sur la toile. Ils sont mis en scène à travers une multitude de détails qui donnent à ses oeuvres différents niveaux de lecture. Gong Chenyu utilise l’allégorie comme matière à réflexion sur la nature humaine et fait à l’appel à l’imagination. Son utilisation unique de couches épaisses de matières n’alourdit pas ses peintures, elle permet souligner une certaine forme de vérité.