Edgard Tytgat (°1879, Bruxelles) a ouvert tous les registres visuels pour raconter dans ses huiles et œuvres graphiques des récits mythologiques, des légendes populaires ou des contes de fée. À l’instar des cinéastes de son temps, il a représenté un monde tout empreint de fantaisie, d’absurdité et d’humour. Le musée M ramène les « contes » de l’artiste à la vie et propose aux visiteurs de nombreuses œuvres très diversifiées en provenance de collections aussi bien privées que muséales.

Au cours de sa carrière Edgard Tytgat a peint près de cinq cents toiles et réalisé des centaines d’aquarelles, gravures sur bois, eaux fortes et dessins. Même s’il faisait partie des artistes rassemblés autour de la revue Sélection, ses œuvres ne relèvent d’aucun mouvement précis. Son travail ne se laisse pas subdiviser en différentes périodes clairement circonscrites et ne témoigne d’aucune évolution chronologique claire et nette. Ses premières œuvres sont qualifiées d’impressionnistes et ses œuvres ultérieures d’expressionnistes ou naïves.

Une chose est sûre : Tytgat était un conteur né, capable de conjuguer différents scénarios dans une seule et même scène. C’est dans cette richesse de sujets que réside tout l’attrait de cette exposition qui lui rend hommage soixante ans après sa mort. Au-delà d’exposer de nombreuses toiles triées sur le volet, le musée M dévoile des pages d’archives à travers une vidéo, des histoires brèves et des journaux intimes inédits.

Le monde de Tytgat est à la fois doux et amer. Il connaît l’histoire de l’art comme sa poche et renoue avec ses thèmes dans ses œuvres. Celles-ci baignent ainsi dans une atmosphère d’innocence perdue, de nostalgie, de fantasmes, d’érotisme, etc. Tytgat s’inspire aussi largement du quotidien et de ce qui se passe autour de lui. Mais sa véritable force réside dans son talent de conteur. Bien que naïves, enfantines et joyeuses au prime abord, ses œuvres ont toutes un côté sombre. Il tisse ainsi une vaste toile de significations.

Ayant découvert dans le travail du réalisateur suédois Roy Andersson un langage filmique qui présente de nombreuses affinités avec le style narratif de Tytgat, cinéaste et commissaire d’exposition adjoint Gust Van den Berghe a choisi de mettre en regard leurs images respectives afin qu’elles se renforcent au contact les unes des autres.