A l’occasion du 120ème anniversaire de la naissance d’Árpád Szenes en 2017, la galerie est heureuse de présenter l’exposition Plénitude aux confins de l’existant. Nouvel hommage rendu à l’artiste, défendu par la galerie Jeanne Bucher Jaeger depuis 1939, à travers un nombre incalculable d’expositions monographiques et d’expositions collectives à la galerie et hors les murs depuis presque 80 ans. Auteur de nombreuses séries appréciées telles que la série des Banquets et des Portraits, notamment ceux de son épouse Vieira da Silva, Árpád Szenes se distingue surtout par ses magnifiques séries de Paysages, espaces poétiques, mémoires d’un monde heureux sur le point de naître. Plages, collines, ciels sans présence humaine et cependant vibrants d’humain. Unir l’invisible et le visible, les faire fusionner l’un en l’autre par le biais d’une lumière extérieure intériorisée dans l’acte créatif ; telles étaient les aspirations de celui qui se tenait volontairement dans l’ombre de sa femme Vieira da Silva.

Árpád Szenes grandit dans un milieu intellectuel privilégié et entre, en 1918, à l’Académie Libre de Budapest. Après une première exposition en 1922 au Musée Max Ernst, Árpád Szenes voyage en Europe puis s’installe à Paris et fréquente « l’Atelier 17 » dirigé par Stanley W. Hayter, où il se lie à des artistes tels que Giacometti, Delaunay, Miró, Tanguy, Hajdu, Nicolas de Staël, Maria Helena Vieira da Silva qu’il épouse en 1930. Quelques années plus tard, en 1932, le couple rencontre Jeanne Bucher, rencontre qui marque le début d’une longue et intime collaboration. La situation politique de la Hongrie à la veille de la Seconde Guerre mondiale impose le départ et le couple choisit de s’installer au Portugal puis au Brésil entre 1940 et 1947. Árpád Szenes y ouvre un atelier et y enseigne la peinture. De retour en Europe, il poursuit son travail sur le paysage et l’espace, s’inspirant de ses nombreux voyages et d’une observation contemplative de la nature.

Progressivement, le travail d’Árpád Szenes intègre les collections de l’Etat français et, en 1970, l’Inspection des Musées de province du Louvre organise une première rétrospective de son œuvre. Celle-ci sera suivie en 1974 d’une rétrospective au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris organisée par Jacques Lassaigne. En écho à cette importante rétrospective, la galerie lui consacrera une exposition majeure la même année. En 1977, la consécration se fait dans son pays d’origine, à la Magyar Nemzeti Galeria de Budapest puis au Musée Varisi Tanacs Kiallitoterme de Pics. Quelques années après la disparition de l’artiste en 1985, une nouvelle rétrospective a lieu en 2000 à l’Hôtel de Ville de Paris. Un double hommage lui sera également rendu en 2006.

La galerie consacre à l’artiste l’exposition Eloge de l’Etendue à l’occasion de la publication aux éditions Skira du Catalogue raisonné des dessins et des peintures d’Árpád Szenes, par Chiara Calzetta Jaeger. Ses grandes toiles horizontales, ou encore celles, à l’image d’un rouleau oriental, déroulant un horizon tout à la verticale, sont plus encore que des paysages ; elles évoquent « un pays qui serait celui de l’Etendue ». Elles éveillent en nous une réflexion d’ordre métaphysique. On va de l’en-deçà à l’au-delà. Du sentiment d’une vie sous-jacente à l’idée de l’infini. Ces toiles possèdent également un destin : celui d’accueillir la lumière. Ce qu’Árpád Szenes appelle « la transparence » car il s’agit bien de cette aurore à laquelle nous convient les oeuvres d’Árpád Szenes.