Baptiste Rabichon compose ses photographies tel un peintre. Une feuille de papier RC couleur est sa toile vierge, un territoire d’expérimentation pour ses procédés de composition, mêlant photographie analogique, images numériques et projections d’objets divers appartenant à son quotidien. C’est dans l’obscurité de la chambre noire qu’il rassemble ses souvenirs en bouleversant notre rapport à la photographie. Des fleurs cueillies quelques jours auparavant sont posées sur l’agrandisseur et mêlées à des clichés préexistants récoltés sur internet ou dans des magazines. Mais le caractère quasi scientifique de cette esthétique qui évoque les herbiers des botanistes du XIXème siècle est perturbé par la sensualité d’une mystérieuse silhouette féminine délicatement allongée.

La fabrication de caches de différentes formes et dimensions est aussi essentielle à sa démarche. En empêchant la lumière d’atteindre le papier, ces éléments créés ad hoc et avec minutie contribuent à la création de cette fusion harmonieuse de corps humains et incrustations végétales. Dans certaines régions du papier on s’aperçoit que le hasard a toujours son mot à dire.

Les titres évocateurs de ses séries manifestent de la nature très personnelle de son travail et de son intention de fixer sur le papier la sensation d’un moment. C’est Paris, avec ses jardins, le 17 arrondissement avec ses appartements haussmanniens.

En bouleversant notre conception de la photographie, tout autant dans la forme que dans le contenu, Baptiste Rabichon nous livre des oeuvres dont la beauté naît de cette alchimie entre les êtres, les objets et les végétaux.

Dans un rapport aux images autant critique qu’amoureux, Baptiste Rabichon s’attelle aussi bien aux méthodes ancestrales de la photographie (photogrammes, cyanotypes, sténopés) qu’aux outils de l’imagerie moderne, qu’il tente, toujours avec la même jubilation, de pousser dans leurs retranchements.

Né à Montpellier en 1987, Baptiste Rabichon vit et travaille à Paris. Après des études de viticulture et d’œnologie, il rentre à l’ENSA Dijon en 2009, à l’ENSBA Lyon en 2011 et en n à l’ENSBA Paris en 2012 où il intègre les ateliers de Claude Closky, P2F et Patrick Tosani. Il obtient son DNSAP en 2014. En 2015 il intègre le Studio National des Arts Contemporains (Le Fresnoy) dont il sort diplômé en 2017 avec les félicitations du jury. Il est lauréat 2017 de la résidence BMW.

Il travaille actuellement à la réalisation de tirages, où numérique et argentique se fondent, au sein du même support.