Les œuvres photographiques de Jim Campers (né à Anvers en 1990) confirment que la critique de société radicale des années 1960 et 1970 est toujours d'une actualité brûlante. Dans Forward Escape into the Past, la première exposition en solo de Campers, l'artiste réunit ses deux séries de photos les plus récentes.

Jim Campers a recours à des styles photographiques variés: certaines de ses images font penser à des illustrations scientifiques ou à des journaux de voyages, d’autres à des publicités ou à des expériences visuelles.

Aucune image de son oeuvre fait en tout cas preuve d’indifférence. Les recherches et la préparation préalables à la réalisation de ses photographies jouent un rôle déterminant dans la façon dont il aborde thèmes et lieux. L'artiste approfondit ainsi des sujets très spécifiques au travers de la littérature underground ou de blogs sur internet.

Dans cette exposition, Campers expose des images de ses deux projets les plus récents, situés tous deux au point de rencontre entre nostalgie et utopie visionnaire. Des thématiques récurrentes sont le retrait de la société, la vie en harmonie avec la nature et les contre-cultures des années 1960 et 1970. Le titre de l’exposition Forward Escape into the Past suggère la possibilité d’un avenir alternatif pour l’humanité qui tourne le dos au progrès technologique et où l’être humain cherche à restaurer le lien avec son passé et la nature.

Mon travail évoque une société future dans laquelle l'être humain a évolué vers une existence plus primitive, tandis qu'a été mis fin à la progression constante vers le perfectionnement de notre société technologique. D'où le titre, « Forward Escape into the Past

(Jim Campers)

Pour Forward Escape into the Past, Campers a imaginé une scénographie composée de parois en blocs de chanvre. Ce matériau de construction hors du commun s’apparente à l’écologie, la durabilité, l’inventivité technologique et le retour à la nature – autant de sujets qui servent de fils rouges à cette exposition.

La série de photographies Let’s kill the Moonlight (FC) a pour point de départ les convictions du mathématicien et terroriste de Theodore « The Unabomber » Kaczynski. Ce dernier dénonça dès les années 1970 le recours excessif à la technologie et prôna la réhabilitation d’une liberté à vivre en harmonie avec la nature. Kaczynski a souligné ses déclarations par une série d'attentats aux lettres piégées faisant plusieurs morts et blessés.

Dans cette série, Campers associe les idées de Kaczynski à celles des futuristes italiens. Le titre de la série (« Tuons le clair de lune ») fait référence à l'un des principaux sujets de réflexion de ce que l'on appelle le Deuxième Manifeste du futurisme de Filippo Tommaso Marinetti. Contrairement à Kaczynski, Marinetti glorifiait justement la puissance dévastatrice de la technologie.

La deuxième série de Campers, Intranaut, renvoie aux théories de l’écrivain, philosophe et anthropologue américain Terence McKenna (1946-2000). Dans son ouvrage Stoned Ape Theory, ce dernier tenta de réfuter la théorie de l’évolution en attribuant un rôle essentiel à la consommation par l’homme préhistorique du champignon psychédélique Psylocybin Cubensis. L’ingestion de ce champignon et ses effets hallucinogènes auraient joué, selon McKenna, un rôle important dans la formation du cerveau, et plus précisément dans ce qui distingue l’être humain des autres créatures, à savoir sa capacité à l’auto-réflexion.