En avril 2017, le quatrième étage du MAMCO a réouvert dans une configuration inédite réunissant des espaces d’artistes. Il s’agit, d’une part, d’œuvres entrées dans les collections du musée et, d’autre part, de nouveaux lieux dédiés à des archives et programmés avec des artistes.

L’Inventaire (1989/1994) de Claude Rutault contient la totalité de ses dé-finitions/méthodes, représentées par des toiles non-peintes, peintes en blanc ou repeintes en gris, en guise d’enregistrement de leur état actuel de réalisation (respectivement non-réalisée, réalisée ou annulée). Cet ensemble, présenté pour la première fois au MAMCO en 1994 et intégré depuis dans les collections, est une forme de sismographe de la pratique de Rutault. Il est désormais réinstallé comme le souhaitait l’artiste, tout en conservant un mur extérieur qui permet l’actualisation de n’importe quelle œuvre du corpus.

Installé en 1994 au MAMCO, L’Atelier depuis 19380 de Sarkis est le seul environnement qui témoigne encore des « cabanes » en bois qui caractérisèrent le musée à son ouverture. C’est pour l’artiste un « atelier de voyage » dans lequel, une ou deux fois l’an, il passe une journée de travail. Ce qui se donne à voir dans ce lieu n’est pourtant pas la fabrication d’une œuvre particulière, mais plutôt la sédimentation du travail. Des œuvres sont ainsi accrochées, déplacées, parfois retirées, mises en dialogue les unes avec les autres, comme autant de rituels d’entretien. Autour de l’atelier sont présentés d’autres projets de l’artiste, dont le musée conserve une très importante collection.

A ces deux espaces emblématiques du musée s’ajoutent des salles dédiées aux Archives Ecart et au Cabinet de poésie concrète de Maurizio Nannucci et Gabriele Detterer.

Les activités post-Fluxus du groupe Ecart trouvent donc, grâce à un partenariat avec la HEAD de Genève, le Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire et la complicité de John Armleder, un lieu de ré-émergence à Genève et un mode opératoire nouveau, permettant à la fois de continuer le travail d’inventaire des archives et de réactualiser des projets des années 1970.

Enfin, le Cabinet de poésie concrète est dédié à ce mouvement international à la fois artistique et littéraire qui s’étend de l’Europe à l’Amérique du Sud, en passant par l’Asie. Dès les années 1950, des artistes tels que Augusto et Haroldo De Campos, Bob Cobbing, Eugen Gomringer, Jiri Kolar, Ferdinand Kriwet, Robert Lax, Franz Mon, Seiichi Niikuni, Dieter Roth, Gerhard Rühm, Emmet Williams ou Henri Chopin, produisent des poèmes, livres et pièces sonores, en utilisant les technologies de l’information de leur temps (machine à écrire, Verifax, Letraset, offset, etc.). Le cabinet se construit à partir des 30’000 oeuvres et documents rassemblés par Zona Archives qui, sous l’égide de Maurizio Nannucci et Gabriele Detterer, constitue l’une des plus grandes archives privées en Europe.

La réunion de ces espaces d’artistes sur le quatrième étage du musée entend à la fois proposer une représentation de la singularité des collections du MAMCO, faisant du protocole, de la partition et de la collaboration avec l’artiste autant de points nodaux de sa politique, et permet à des formes éphémères, performatives et vivantes de trouver une place en son sein. Cette articulation entre archives, collections et formats performatifs est également une nouvelle proposition dans le champ muséographique et ses pratiques codifiées.