La galerie anne barrault est heureuse de présenter une nouvelle exposition de Ramuntcho Matta, intitulée "Notre pain quotidien". Ici l’artiste s’amuse avec le mot «pain» qui a un tout autre sens en anglais, ce titre fait aussi écho à nos difficultés quotidiennes, celles qui nous font grandir.

Comme l’a écrit Philippe Ducat : «Ramuntcho Matta est à la fois musicien et plasticien. Il partage ces deux activités à temps équivalent. Son goût pour le traitement en «haïku» se ressent très nettement dans ses dessins et dans ses compositions musicales. Tout chez lui relève de l’improvisation, c’est décapant et surtout très vivifiant. C’est une excellente technique pour se tenir en éveil, pour ne pas rater les fulgurances qui s’invitent dans le fil de la pensée.» Depuis maintenant 4 ans, chaque matin, comme une gymnastique quotidienne, un rituel, une méditation, Ramuntcho Matta réalise un dessin.

Chaque matin, il se connecte sur facebook, pour y envoyer son dessin auquel il associe une phrase, comme on envoie une bouteille à la mer. Parmi les milliers d’images visibles sur ce réseau, chaque matin un dessin de Ramuntcho Matta émerge. Le plus souvent les internautes écrivent à leur tour et ajoutent leur propre phrase au dessin du jour. Les échanges sont parfois publics, mais la plupart du temps, les messages sont adressés directement à Ramuntcho Matta (en privé). La rencontre est le fil rouge sur lequel danse Ramuntcho Matta. Qu’il joue de la musique, ou qu’il nous adresse ses dessins, ce qui l’intéresse c’est l’autre, et ce qui apparaîtra de cette rencontre, c’est cette fameuse formule qu’il affectionne 1 + 1 = 3.

Voici ce qu’écrit Maurice Benhamou sur le travail de Ramuntcho Matta : «Comme s’il voulait d’abord exprimer l’inexprimable, Ramuntcho Matta libère, sur la feuille ou la toile vierge, des bouffées de couleurs qui dérivent, se rassemblent informes, sensibles, intuitives, sans concept. Ce que l’on nomme de l’analogique. C’est alors seulement, au contraire de la chronologie propre, en général, à toute peinture, qu’il crée des formes articulées, digitales, des formes vivantes, nerveuses, non plus intuitives mais imaginatives et spontanées.

Le sans-forme des bouffées chromatiques a, quoi que l’on fasse, des contours, des accidents. C’est donc la toile elle-même qui propose, qui stimule l’imaginaire. Autant les vagues colorées initiales avaient nécessité de lentes méditations, autant les figures digitales germinent sur les moindres variations des nappes de couleur dans la vivacité, l’immédiateté presque l’inconscience. Elles sont le fruit d’un dialogue nerveux, précipité, avec elles. C’est le contact presque électrique de l’informe et de l’imaginaire qui renvoie l’écho d’une vision imprévisible que le peintre s’émeut de voir naître toute formée sous ses doigts. Cette méthode de l’écho engendre une création ouverte. La surface, le dehors conservent l’initiative. L’oeuvre donne un sentiment de suspens, d’équilibre vivant et ne mène jamais à la satiété.»