Quelle que soit à première vue l’apparente brutalité de ses œuvres, Kounellis (1936-2017) a toujours placé l’être humain au cœur de son travail : par les proportions choisies (la dimension du lit double, celle de la feuille de papier), par les pièces de vêtement fréquemment présentes (chapeau, manteau, chaussures, bas…) par la dimension « morale » qui traverse son œuvre depuis ses débuts.

En 2014, trois ans avant sa mort, Kounellis réalisait dans l’atelier Albicocco de Udine (Italie) une spectaculaire suite de douze grandes gravures (220 x 120 cm) au tirage très limité (12 ex.). Empreintes de manteaux sur de grandes plaques de métal, ces eaux-fortes impressionnantes ne sont pas sans évoquer les puissantes scénographies qu’il a pu inventer pour le théâtre ou l’opéra. Ces sortes de grands suaires prennent aussi maintenant une dimension prémonitoire. Jamais encore exposées hors d‘Italie, nous les présentons accompagnées de trois œuvres uniques composées avec des manteaux, ou leurs empreintes, agencés sur ces feuilles de métal qui étaient les « toiles » de cet artiste qui se considérait toujours comme un peintre.

Une importante rétrospective de Kounellis, organisée par Germano Celant, l’inventeur de la formule Arte Povera, ouvrira à la Fondation Prada, en mai 2019 à Venise, au moment de la Biennale. La Galerie Lelong & Co. publie en volume un long entretien de Jérôme Sans avec Jannis Kounellis réalisé en 2011 et jamais édité en français.