Rero a tout d'abord pensé à créer une secte, puis il a préféré préparer une nouvelle exposition chez Backslash. Le titre qu'il a choisi propose une réflexion inédite autour de l'hégémonie de l'esprit sur la matière et interroge notre impossibilité à mener une existence dépourvue de toute signification.

La maxime MIND OVER MATTER sous-entend que l'esprit règle directement, et souvent inconsciemment, une question avant même d'y réfléchir. Ce mantra quasi bouddhiste souligne le fait qu'en réalité l'essence même de la vérité n'est pas sensorielle mais intellectuelle et déductive. Et pourtant, la matière est par définition indispensable. Rero interroge ici le concept d'indissociabilité de ces deux entités, sans réellement y dévoiler sa solution. Fidèle à son projet artistique, il barre les questions qu'il soulève mais laisse le spectateur libre de leur interprétation.

Au-dessus de cette réflexion plane avant tout la question principale : qu'est-ce que la matière ? Evidemment, il y a l'idée du solide, de ce que nous pouvons palper. Mais il y a aussi notamment la matière noire (a priori un grand « rien », tout du moins pour l'œil humain) ou la matière grise, autrement appelée « cerveau » qui permet l'intellect, donc l'esprit. Cette multiple définition désaxe totalement l'idée de MIND OVER MATTER, et fait tourner en rond, tel l'ouroboros, ce fameux serpent qui se mord la queue.

Avec l'exposition MIND OVER MATTER, Rero donne le premier rôle à la matière. Et cela vient contrecarrer la quiddité de son travail artistique habituellement régi par les mots. Il s'est attaché à employer des matières nouvelles, inhabituelles, pour enrichir son langage artistique. Ainsi, ses aphorismes interagissent avec de nouveaux supports qu’il détourne afin de mieux les questionner. Dans cette exposition, l'artiste intervient sur des ronces de noyer, des blocs de sel d’Himalaya, des pierres Agate, des feuilles de pierre, des fibres de chanvre ou encore du béton. D'ailleurs, dans quelques siècles, le béton sera-t-il toujours aussi solide ? Ce que nous pensons comme l'incarnation même de l'indestructible le sera-t-il toujours autant ? Ou ce sera-t-il effrité pour disparaître et ne rester qu'une idée ou un concept et devenir ainsi esprit sans matière ?

Entre Rio de Janeiro et Paris, l'artiste français Rero inscrit son identité artistique à travers ses fameuses lettres barrées d'un épais trait noir. Son travail a été exposé dans de nombreuses institutions à travers le monde, notamment au Centre Pompidou, au Grand Palais, au MAC/VAL, au MAC de Bogota, à la Fondation Montresso de Marrakech, au Art Science Museum de Singapour ou encore à la Caixa Cultural à Rio de Janeiro, Sao Paulo et Brasilia.