Catherine Balet surprend encore. Après le succès de sa dernière série “Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes” dans laquelle elle revisitait les grandes icônes de l’histoire de la photographie, l’artiste donne naissance à des compositions inclassables dans un travail en construction depuis près de vingt ans.

Jouant des transparences et de collages surréalistes, la nouvelle série de Catherine Balet « Moods in a Room » met en parallèle le virtuel et la matière par un mélange de textures picturales et d’éléments photographiques numériques. En les superposant par strates successives elle révèle une matière au virtuel et une virtualité à la matière. Les images ainsi construites constituent une métaphore des états de conscience de l’artiste, et illustre son engagement conceptuel et philosophique en explorant les dualités entre contenu et absence, espace et surface.

La technique employée de couches successives créent des images qui jouent sur tous les plans et dont la transparence façonne l’espace pictural en profondeur. Le dessous existe autant que le dessus, car la base de départ de chaque image est une peinture originale numérisée qui laisse transparaître ses effets de matière. Les surfaces mates colorées se mélangent aux zones plus lumineuses de la photographie. Les images de la série révèlent à travers la superposition de strates d’architectures diverses un espace urbain fantasmé où le froid et le chaud se côtoient. Un décor fictif où se jouent des histoires à la fois étranges et familières, animées de personnages plus ou moins fantomatiques.

Et Fannie Escoulen, commissaire de l’exposition à la Galerie Thierry Bigaignon, d’ajouter : « Plus vraiment peintre mais loin d’une pratique purement photographique, Catherine Balet dévoile un univers introspectif fait d’une multitudes de couches, tel un palimpseste, puisant dans son inconscient nourri d’histoire de l’art des références aux grands mouvements de la peinture. S’en affranchissant délibérément, elle affirme dans ces images-tableaux des huis-clos hallucinés desquels ses personnages ne semblent pouvoir s’échapper ».