Praz-Delavallade présente The Conformist, deuxième exposition personnelle de l’artiste avec la galerie après celle de Los Angeles. La pratique de Guy Yanai se nourrit de fables, d’histoires et d’hymnes : chacune de ses peintures donne à voir le re et des différents aspects de notre quotidien. Dans ces petites tranches de vie, on découvre un enfant qui sourit, une énorme éclaboussure, une banane solitaire, un cactus plein d’épines, une lampe moderniste, un oiseau qui chante ou encore un tout petit bateau qui navigue paisiblement sur des eaux calmes sous un ciel sans nuage. Ces vignettes forment un ensemble comme suspendues dans le temps aux sujets volontairement reconnaissables dont les images à l’aspect pixellisé se fondent les unes dans les autres conférant à l’ensemble un pouvoir intemporel.

Guy Yanai a choisi d’intituler son exposition The Conformist pour de nombreuses raisons. La première résultant d’une dispute avec sa petite amie française au cours de laquelle elle l’a traité de conformiste. Ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire, il s’est donc mis à y ré échir. Ainsi, il s’est rappelé le roman éponyme du célèbre écrivain italien Alberto Moravia, qu’il avait lu dans sa jeunesse. Il a également pensé au lm d’après ce même roman réalisé par Bernardo Bertolucci, qui venait tout juste de mourir. Tout compte fait, cette pique lancée au cours d’une petite scène de ménage cachait toute une lignée artistique ! Dans ce sens, l’artiste a compris que le con it intérieur du personnage principal du Conformiste résonnait profondément avec sa pratique.

Le Conformiste d’Alberto Moravia raconte la vie d’un membre de la police secrète en Italie sous le régime fasciste de Mussolini qui semble tout contrôler dans sa vie. Sous cette apparence calme se cache cependant une conscience tourmentée. L’homme est partagé entre le besoin obsessionnel de se conformer aux règles et les tenants de son sens moral et de ses actes. Comment mieux illustrer la montée du populisme aux États-Unis et en Europe et le fait qu’il soit nécessaire de se conformer pour être un «bon» citoyen de son pays ? Le titre de l’exposition devient ainsi une ré exion sur le monde de l’art aujourd’hui et la vie des artistes : lorsque Jean Genet s’est rendu en Jordanie à la rencontre des Palestiniens, il a dormi dans une tente pendant deux ans. Désormais, la plupart des artistes voyagent dans le confort et dorment dans des hôtels cossus - petit déjeuner compris ! Si les trois grandes œuvres principales exposées sont toutes du même format, elles traduisent des expériences cognitives totalement différentes. Dans The Dining Room, on découvre la salle à manger de l’artiste, espace domestique qu’il connait intimement. Standard West Hollywood représente l’intérieur de l’hôtel où Guy Yanai a séjourné pendant sa dernière exposition à Praz-Delavallade Los Angeles. En n, Normandie représente le village de Camembert, village où l’artiste n’a jamais mis les pieds. Guy Yanai tente en vain (et dieu merci sans grande chance de succès) à réconcilier l’inconciliable de ces différents lieux, chacun portant sa propre histoire.

L’exposition The Conformist n’a pas de lien direct avec l’imagerie du roman ou du lm, mais Guy Yanai s’inspire, comme point de départ, de la situation émotionnelle et psychologique du personnage principal pour explorer son propre rapport à l’art, la peinture, la politique, l’amour et la vie quotidienne. Guy Yanai (né en 1977 à Haifa, IL) vit et travaille à Tel Aviv, Israël. Il a étudié au Parsons School of Design et au New York Studio School avant de recevoir son BFA du Hampshire College, Amherst, MA. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions internationales dans des institutions et musées dont The Painting Center, New York City, US; le Velan Center for Contemporary Art, Turin, IT; le Ashdod Museum of Art, Ashdod, IL; et le Haifa Museum of Art, Haifa, IL.