La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter City of Stars, la première exposition personnelle de Rodrigo Matheus, né à São Paulo (Brésil) en 1974, dans sa galerie parisienne. Après une collaboration fructueuse avec la Galerie de Bruxelles en 2016, cette nouvelle exposition vient confirmer l’importance de l’artiste brésilien sur la scène européenne.

L’exposition City of Stars marque un tournant majeur dans la pratique artistique et conceptuelle de Rodrigo Matheus vivant depuis quatre ans en France. Ce titre provient d’un complexe architectonique brutaliste appelé La cité des Etoiles réalisé par Jean Renaudie (1925-1981) dans le cadre de la revitalisation de la ville de Givors entre 1976 et 1982. S’inspirant des travaux de l’architecte français, Rodrigo Matheus propose une exposition immersive.

Rodrigo Matheus, imprégné de l’architecture brutaliste brésilienne, a voulu créer des œuvres ambivalentes entre hommage et questionnement de cette architecture en France. Il aborde cette exposition comme une réflexion sur la banlieue en tant qu’espace de construction sociale et de créativité cher à Jean Renaudie. Les formes des œuvres soulignent non seulement l’expérience esthétique radicale de ces réalisations mais également la réponse sociale et politique qu’elles apportent à la société.

Les formes des sculptures suivent l’orientation des dessins techniques des bâtiments de Jean Renaudie. Elles soulignent les diagonales et le manque de symétrie qui répondent toutefois à la stratégie d’organisation de l’espace. À l’intérieur, les subdivisions révèlent des niches, des espaces de vie accueillant une gamme de matériaux et d’objets de la vie quotidienne. Rodrigo Matheus s’approprie l’architecture renaudienne dans laquelle il évolue : celle d’Ivry-sur-Seine où se trouve son atelier.

Les imposantes et subtiles sculptures de Rodrigo Matheus renversent le passage de l’horizontal au vertical, du plan à la réalisation, de l’idée à sa matérialité. Inversant et détournant les sens, Rodrigo Matheus révèle une nouvelle perception et compréhension de ces architectures dépourvues d’angles droits. Brutales, saillantes mais aussi astucieuses et harmonieuses, ces sculptures rendent palpable une architecture vaste et bétonnée impossible à appréhender dans son ensemble. Rodrigo Matheus explore de manière critique les récits sociaux et politiques intrinsèquent à ces lieux. Les socles, eux aussi en béton, affirment le caractère brutaliste de ces réalisations et créent un dialogue ambigu entre les différentes échelles.

Présentées sous la verrière laissant pénétrer une lumière filtrée, une installation sculpturale magnifie les matériaux dans toute leur simplicité. Ce ciel étoilé par des cordes noires et poudré par du tulle délicatement suspendu, apporte légèreté et douceur à cette installation d’envergure. A l’opposé du béton, le tulle et le cordage adoucissent cette réalité brute et frontale.

Aux murs, les œuvres sur papier confirment cette délicatesse et cette subtilité dont Rodrigo Matheus est maître. Ces collages d’enveloppes géométriques, pour la première fois, anthropomorphes jouent sur notre perception grâce aux nuances de couleurs. Celles-ci leur confèrent deux dimensions : l’une plane, induite par la frontalité de la couleur marron et l’autre subtile et profonde au ton crème.

D’autre part, les délicates compositions de papier appelées « push pins » semblent raconter des histoires suspendues dans le temps. Ce sont des assemblages de documents datant du début du XXe siècle faisant état de transactions commerciales. Rodrigo Matheus s’est approprié ces papiers en les suspendant à des fils délicats. Epinglés au fond du cadre, ils se juxtaposent en différentes compositions.

L’oeuvre de Rodrigo Matheus est résolument ambivalente : en donnant une intimité poétique aux matériaux les plus bruts, l’artiste instaure un équilibre périlleux qui nous emporte dans une canopée vaporeuse.