Cette première salle est consacrée au dialogue avec les visiteurs et au regard porté sur l’art: par un mélange d’art ancien et contemporain, nous mettons au défi votre manière de regarder. Un regard critique, en profondeur, différent.

La première chose qui vous sautera aux yeux, c’est le mélange d’art ancien et contemporain. Une Piéta du 14e siècle côtoie un tableau du Calvaire peint au 16e siècle par Michiel Coxcie et l’œuvre conceptuelle de Jan Vercruysse intitulée Himalaya Golf. Chaque œuvre ou objet raconte une histoire. Et chaque visiteur a un regard qui lui est propre. Lorsqu’on expose une statue du 14e siècle à côté d’un tableau abstrait contemporain, les deux œuvres influencent irrévocablement la manière dont on les perçoit individuellement. Si on ajoute à cela l’interprétation propre à chaque individu, l’histoire peut prendre une toute autre orientation.

Le musée M fait tomber les barrières classiques entre art ancien et art contemporain. Parce qu’ensemble, ils racontent beaucoup plus que chacun séparément.

Nous sommes en permanence exposés aux images. Nous lisons, comprenons et écrivons en langage métaphorique. C’est notamment le cas des émoticônes et des selfies dans notre communication quotidienne. C’est pourquoi le musée M a adapté son langage. Nous avons abandonné les sacrosaints textes muraux et étiquettes classiques. Dans cette exposition, l’accent n’est pas mis sur le titre, l’artiste, le matériau ou les dimensions d’une œuvre. Et il y a une bonne raison à cela: ce qu’on lit influence la manière de regarder et détourne l’attention de l’œuvre elle-même.

Nous abandonnons l’axe de l’histoire de l’art pur et dur. La culture actuelle de l’image nécessite une approche nouvelle qui permet au visiteur de regarder autrement – des manières plus en ligne avec le regard et le mode de vie d’aujourd’hui.

Au lieu de cela, il y a désormais des questions, suggestions et étiquettes tactiles qui éveillent l’attention et la curiosité du visiteur. Nous ne disons plus ce qu’il faut voir. Ce qui nous intéresse, c’est ce qu’évoquent les images chez vous. Isabel Lowyck, chef du service Relations publiques: « Sans pour autant aller mettre ses doigts sur une tapisserie, vous pouvez ainsi sentir si le matériau en question est souple ou rigide. »

Comment regardez-vous l’art? La Sainte Famille de Théodore Van Loon, le grand Triptyque du Calvaire de Michiel Coxcie, Roger de la Pasture, une tapisserie grandeur nature, un retable d’Anvers ou une œuvre contemporaine de Robert Devriendt et Marthe Wéry. Tout cela est exposé ensemble, dans la même salle, mais par forcément comme vous l’auriez imaginé. Il y a également un magnifique panneau du 15e siècle représentant les scènes de la Passion du Christ. C’est un exemple type de pièce qui, à son époque, n’était pas considérée comme une œuvre d’art mais servait de soutien au travail du prêtre dans l’église. À l’époque, ce tableau n’avait qu’une seule interprétation possible, ne racontait qu’une seule histoire. Aujourd’hui, il est exposé dans un musée, on le considère comme de l’art et il se prête aux nouvelles interprétations des visiteurs. Cette œuvre est accompagnée d’une vidéo consacrée à une étude sur notre manière de regarder. Des chercheurs ont analysé la manière dont une série de gens regardaient les différentes scènes de cette œuvre. Résultat? Chacun regarde différemment. Chacun a donc son propre ADN du regard. Dans cette salle, à partir des Scènes de la Passion, nous vous expliquons comment cela fonctionne. Et si vous en avez envie, vous pouvez faire établir l’ADN de votre propre manière de regarder.