À la belle saison, l’exposition Peinture fraîche et nouvelle construction, où se rencontre la quintessence de la jeune création se veut une récurrence incontournable. Regroupant une cinquantaine d’étudiants de treize universités à travers le Canada, l’exposition réunit des œuvres présentant une grande variété. Pour cette 15e édition, vous êtes à nouveau invités à prendre part à ce florilège de propositions artistiques renversantes et détonantes, au savoir-faire et à l’inventivité bouillonnantes.

La nostalgie, nos rapports aux symboles religieux ou la crise de l’environnement sont des sujets qui intéressent les artistes. Ils procèdent alors à un retour en arrière ou un arrêt sur image, ils nous font réfléchir sur le temps écoulé et la fulgurante mutation de nos sociétés. Haley Bean (Université du Manitoba) a justement développé ses recherches sur des objets technologiques des années 90. Deux décennies plus tard seulement, la console de jeu ou le lecteur cassette qu’elle récupère sont devenus totalement obsolètes et oubliés. Louis-Charles Dionne (NSCAD) propose un regard sur les objets du culte catholique, comme témoin du temps, où la province du Québec était fortement caractérisée par son ton religieux. Il nous permet de voir dans un contexte contemporain où la laïcité est désormais omniprésente, que les vestiges des croyances religieuses populaires sont enracinés dans la culture et la société. Il en va de même pour Alexanne Dunn (Université de Laval), qui nous confronte à la réappropriation d’un paysage industriel, à ses souvenirs d’enfance, en se les réappropriant par l’usage de la couleur. En effet, ceci altère complètement la perception des sites miniers de Thetford Mines, rendue totalement fantaisiste, ayant maquillé le gris traditionnel de la mine.

La dualité de l’esprit humain, forgée de nos faiblesses et de nos forces, est présente dans toutes les œuvres de l’exposition. Devon Pryce (OCAD) représente des scènes quotidiennes désertes, sans aucune présence, afin de chercher à comprendre l’expérience de la solitude et généré ainsi des espaces de contemplation. De son côté, Naz Rahbar (Université York) dans sa série Eau, air, cailloux et tâches associe sur ses dessins deux concepts : l’identité et l’habitation corporelle. Le rendu graphique de l’encre est d’une grande fluidité, laissant apparaitre et se mouvoir des bras et des jambes. Cette pratique mêle l’abstraction et la figuration pour évoquer une notion d’identité aux multiples facettes. L’identité d’un individu est toujours à la fois héritée au travers d’appartenances objectives (famille, éducation, etc.), mais elle est aussi construite par l’individu au travers de l’image de quelqu’un et de la personnalité qu’il se fabrique.

Certaines œuvres ont un rythme artistique déterminé par le mouvement complexe des formes. C’est le cas des propositions de Brubey Hu (Université de Waterloo) et Jessy Duchaine (UQAM). Ils pratiquent tous les deux la peinture abstraite en mettant en relation les couleurs et les formes, pour jouer avec l’illusion sculpturale. Les artistes cherchent à mettre de l’avant le bouleversement des idées, des êtres et de ce qui nous entoure.

Plus qu’une création mimétique, les céramiques sculptées par July-Ann El Baze (Université Bishop’s), constituent des modèles semblables à la faune et la flore. Ces matières organiques possèdent, selon elle, une qualité méditative, un langage commun, qui hypnotise et captive l’attention du spectateur. Avec Manufactured Nature, le duo d’artistes IvanovStoeva (Université Concordia) s’intéresse à la création de nouvelles images par l’utilisation de moyens technologiques et utilisant différents matériaux. Par conséquence, ils visent à fabriquer un paysage utopique et envisagent « une nouvelle nature » qui constitue l’avenir de nos environnements altérés par l’activité humaine. Il s’agit de circonstances toujours davantage présentes dans l’esprit de chacun, ce que les jeunes artistes ne manquent pas de nous rappeler.