Gagosian est heureuse d’annoncer la représentation de l’Estate de Simon Hantaï (1922–2008). Pour inaugurer cette représentation, une exposition de peintures et sérigraphies en noir et blanc datant de 1951 à 1997, Les Noirs Du Blanc, Les Blancs Du Noir, est présentée à la galerie Gagosian du Bourget.

Hantaï est célèbre pour son utilisation « du pliage comme méthode » : la toile pliée, parfois nouée, est uniformément peinte, puis dépliée et révèle ainsi une alternance de surfaces colorées et de réserves non peintes.

Né à Bia en Hongrie, Hantaï a étudié à l’École des beaux-arts de Budapest de 1941 à 1946 avant d’immigrer à Paris en 1948 dans le contexte tumultueux de l’après-guerre dans son pays. À Paris, il rejoint le cercle des surréalistes d’André Breton et réalise plusieurs peintures biomorphiques fantastiques avant de découvrir le travail de Jackson Pollock et de rompre avec le groupe surréaliste en 1955. L’ « action painting » de Pollock a directement influencé la peinture de Hantaï qui se tourne alors vers l’abstraction et crée des œuvres de dimensions monumentales. En 1960, Hantaï, conciliant automatisme surréaliste et allover de l’expressionnisme abstrait, réalise ses premiers pliages. Cette méthode, qui domine désormais l’ensemble de son travail, est à l’origine d’une œuvre complexe et multiforme.

Ses pliages révèlent de magnifiques nuances de couleur, mais Hantaï en a également réalisé d’autres uniquement avec de la peinture noire sur une toile blanche. L’exposition Les Noirs Du Blanc, Les Blancs Du Noir explore cet aspect de l’œuvre de l’artiste : sans l’intervention de la couleur, les peintures et sérigraphies en noir et blanc célèbrent l’esthétique formelle du pli et illustrent l’évolution de la manière dont Hantaï conçoit l’acte pictural.

Cette exposition présente principalement quatre peintures monumentales, réalisées à l’huile et à l’acrylique et qui font partie de la série des Études. Réalisée à la fin des années 1960, à l’apogée des expérimentations de Hantaï avec la méthode du pliage, cette série témoigne de la volonté d’éliminer la main de l’artiste dans l’acte de peindre. Les Etudes révèlent un entrelacement de plis d’un blanc éclatant sur la toile ; elles peuvent évoquer des images familières de la nature – peut-être un sous-bois de feuilles ou une volée d’oiseaux – mais constituent plus fondamentalement une abstraction pure.

Hantaï est devenu citoyen français en 1966 et a gagné une reconnaissance croissante au cours des deux décennies suivantes, notamment lorsqu’il fut invité à représenter la France à la Biennale de Venise en 1982. Cependant, quelques mois plus tard, il décide de se mettre en retrait de la scène publique, cessant sa pratique et refusant de présenter de nouvelles œuvres jusqu’en 1998. Après cette période d’isolement, Hantaï commence à modifier ses œuvres existantes – à savoir, un ensemble d’immenses pliages qu’il avait exposés en 1981 au CAPC Musée d’Art Contemporain, à Bordeaux. Il fait photographier ses peintures de 15 mètres de long et crée des sérigraphies en noir et blanc à partir des images photographiques déformées par l’angle de la prise de vue, puis redressées et imprimées aux côtés de bandes de toile blanche. Pour Hantaï, l’impression en multiple et le pliage étaient ici intrinsèquement liés, les deux procédés impliquant la répétition d’une technique établie dans le but de produire des variations subtiles.

Pour ses Laissées, Hantaï découpe les peintures de Bordeaux en sections plus petites et les présente, chacune, comme une nouvelle œuvre. Paradoxalement, en utilisant un cutter sur ces grandes compositions, il inflige simultanément un acte de violence irréversible à son propre art, et il préserve les éléments visuels les plus fondamentaux de ses pliages. Hantaï continue à travailler dans un isolement presque total jusqu’à sa mort en 2008. Il laisse derrière lui un corpus d’œuvres quasi-fractales dont les surfaces révèlent la combinaison des marques intentionnelles et accidentelles.