Cette exposition montre en quoi les artistes ont contribué au mouvement de désenchantement face à la guerre, qui s’amorce au tournant du 19e siècle, lors des campagnes napoléoniennes. Elle nous invite à comprendre pourquoi nous aimons aujourd’hui davantage la paix que la guerre.

Longtemps placée au centre des valeurs de la société, la guerre comme épisode nécessaire et inévitable allait de moins en moins faire consensus à partir du 19e siècle. Après les campagnes napoléoniennes, en 1819, Benjamin Constant pouvait écrire : « Chez les modernes, une guerre heureuse coûte infailliblement plus qu’elle ne rapporte ».

Alors que l’univers des formes était depuis toujours dominé par la bataille héroïque, la guerre fut alors de plus en plus représentée sous toutes ses faces, y compris ses conséquences les plus atroces sur les humains, les animaux, la nature, les villes, les choses.

En 12 séquences, l’exposition pose les jalons majeurs de cette histoire méconnue, à travers une vingtaine de conflits, et notamment ces guerres particulièrement marquantes, par leur ampleur meurtrière et traumatique, que furent les guerres napoléoniennes (1803-1815), la Grande Guerre (1914-1918), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et la Guerre du Vietnam (1954-1975).

Chaque conflit génère un monde d’images inédites, au fur et à mesure que s’intensifient la massification et le rôle de la machine, dans un mouvement de tension extrême entre la survivance de l’individu et son abolition dans l’anonymat. Au fur et à mesure que les populations civiles sont toujours plus visées.

Organisée de manière chronologique, l’exposition établit des tournants visuels mais aussi des correspondances par-delà les événements. Nous y voyons des artistes, témoins ou non de la guerre, hantés par les traces à fournir de ces orages humains.

Nous les retrouvons affairés à modifer leur outillage, leur technique et leur politique, afin de rendre visible (en temps réel ou a posteriori) le chaos engendré. Car la guerre demeure après l’arrêt des hostilités, avec son cortège d’effets calamiteux sur les corps et les esprits.

Au-delà des non-dits et de la propagande toujours plus sophistiquée qui exalte la guerre, les artistes explorent le pire, hideux et fascinant. Ils participent du mouvement des sensibilités, souvent en les précédant. Ils révèlent des effrois qui ne se retrouvent nulle part ailleurs avec une telle puissance.

Sur 1800 m2, l’exposition rassemble 450 oeuvres sur tous les supports : peinture, sculpture, dessin, gravure, photographie, cinéma, vidéo, image d’Epinal, presse, affiche, objet, etc. Plus de 200 artistes sont représentés, parmi lesquels Géricault, Goya, Daumier, Dix, Vallotton, Léger, Capa, Picasso, Richter, Villeglé, Erro, Combas ou Pei-Ming.