Je m’intéresse à la prégnance des mythes sur lesquels nos sociétés modernes sont construites. Nous passons notre temps à nous raconter des histoires, à parler de choses qui n’existent pas comme les dieux, les lois, la justice, l’argent, les droits de l’homme, la démocratie… Mes propositions questionnent l’efficacité et la légitimité de ces fictions imaginaires que les hommes ont créées afin de pouvoir vivre ensemble.

Avec Make yourself comfortable, j’ai tenté de réveiller l’animal politique qui hibernait en moi, (in)volontairement endormi par des discours politiques trop complexes ou trop simplistes. M’improvisant décoratrice d’intérieur, voire femme au foyer chevronnée, j’ai créé un espace hybride, entre la salle de réunion et le salon familial, à la croisée du politique et du domestique. Des logos empruntés à des organismes politiques et financiers servent de motifs décoratifs aux différents éléments de ce salon. Un clip vidéo, qui tourne inlassablement en boucle, nous vend des lendemains qui (dé)chantent.

À la suite de la crise bancaire et financière de 2008, de nombreuses banques ont mis la clé sous la porte tandis que d’autres ont cherché à redorer leur image. Mais l’argent n’est plus or. Depuis 1971, la course à la virtualisation de l’argent n’a cessé de s’accélérer et le couple État-Marché, père et mère de l’individu aliéné, font inlassablement tourner la planche à billets virtuels pour garder la tête hors de l’eau. Mais l’iceberg est en train de fondre. Et ce n’est pas une formule de style. All about you est une chanson d’amour. Une promesse, un espoir, une relation brisée dont on cherche à rétablir la confiance. Car tout est dans la confiance, la confiance dans la croissance, la confiance dans le futur. La croyance que demain, tout ira mieux qu’aujourd’hui.

Avant, les hommes savaient où était le soleil. Aujourd’hui, ils vivent dans des bulles de lumière. Les forêts leur sont devenues étrangères, dangereuses voire indifférentes. Or, leur survie dépend du bon vouloir de fictions imaginaires comme les États-Unis, la Banque Mondiale, la dette du Sud global, le Fonds Monétaire International, le G-20, l’Union Européenne, Goldman Sachs… The Solar Economy se penche sur la construction de l’idéal capitaliste à travers des publicités de magazines des années 1980. Ces publicités reflètent la course technologique qui alimente le gâteau de la croissance. Mais notre économie est solaire. L’homme qui se prend pour un dieu se brûlera-t-il les ailes ? Entre-temps, nous tournons en rond dans le cercle de la production éternelle. Amen.