« Le rond-point du pouce », c’est ainsi que les marseillais désignent le rond-point de Bonneveine, un quartier de Marseille, qui présente un pouce de six mètres de haut et de 4 tonnes. Ce pouce nous le devons à l’artiste César, artiste né dans cette même ville, qui réalisa plusieurs sculptures de son pouce dont celui de la place de la Défense à Paris, le plus imposant de la série puisque pesant 12 tonnes. Le pouce marseillais a été, quant à lui, réalisé en 1988 et, après avoir fait le tour de différentes expositions internationales, a finalement été installé sur son rond – point actuel, en 1994, à l’occasion de l’ouverture du premier musée d’art contemporain de la ville, le MAC.

Né pour accueillir les collections d’art contemporain du Musée Cantini, musée d’art moderne de Marseille proposant l’une des plus riches collections de Province, devenu alors trop petit, le musée d’Art contemporain est inauguré le 28 mai 1994.

De 1994 à 2019, presque rien n’a bougé : le bâtiment, conçu à la fin des années 70 par un collectionneur qui voulait y présenter sa collection personnelle avant d’abandonné et de faire don du lieu à la Ville, les collections présentant la création contemporaine de la fin du XXe siècle.

Le lieu a finalement subi une réhabilitation complète de 4 ans pour rouvrir enfin cette année.

Ces travaux ont notamment permis de remettre le bâtiment aux normes de conservation des œuvres d’art ; indispensable compte tenu des matériaux utilisés par les artistes de la seconde moitié du XXe siècle, particulièrement sensibles.
Mais ils ont également permis un remodelage des espaces d’exposition, offrant une surface dédiée de plus de 2500 m2, et permis de repenser la circulation des visiteurs.

La rénovation des anciens musées implique aujourd’hui de prendre en compte des activités complémentaires aux expositions classiques. Ainsi la flexibilité des espaces permet une modification du lieu en fonction des artistes contemporains invités, les larges salles permettent d’accueillir des performances ou encore des spectacles vivants.

Le nouveau musée d’Art contemporain s’est même doté d’un rooftop, accessible par une rampe, clin d’œil à celle du MUCEM, pour accueillir festivité en tout genre.

Enfin, compte tenu de sa localisation aux portes des calanques, le musée profite également de différents extérieurs avec un jardin des sculptures mais aussi un accès à l’un des jardins publics de la ville.

Concernant ses collections, le musée d’Art contemporain possède les œuvres d’artistes majeurs appartenant au groupe des Nouveaux Réalistes parmi lesquels Arman, Klein, Niki de Saint Phalle, Spoerri ou encore Tinguely, mais aussi des œuvres d’Arte Povera, d’Art conceptuel ou encore de Fluxus et de Supports/Surfaces. Les productions d’artistes américains ne sont pas en reste puisque le musée compte dans son patrimoine une peinture de Basquiat, des œuvres de Gordon Matta-Clark ou encore de Rauschenberg.

Cette collection a été enrichie dans les années 90 par une véritable politique en faveur de l’art contemporain, correspondant à « l’âge d’or » marseillais. A cette époque, la ville accueillait des expositions de très grandes ampleurs et a acquis de nombreuses œuvres d’artistes internationaux, figures de proue de l’art contemporain.

La création du musée d’Art contemporain en 1994 s’inscrivait dans cette lignée mais le musée a été complètement abandonné par la suite.

Ceci est dû en partie à sa localisation, en périphérie du centre, dans une ville en manque de transports en commun dignes de ce nom, mais surtout à un manque d’ambition politique et donc de moyens. Parent pauvre des musées, le musée d’Art contemporain à Marseille a été complètement délaissé et n’a vu sa fréquentation que chuter d’années en années. Pour comparer avec un autre musée d’Art contemporain français, le musée d’Art contemporain de Lyon, en 2018, celui-ci a accueilli plus de 72 000 visiteurs contre seulement 24 000 visiteurs environ pour celui de Marseille…

Ainsi, la dynamique portée par ce nouveau bâtiment suffira-t-elle à attirer de nouveaux visiteurs ? Et surtout, les marseillais s’approprieront-ils le lieu ?