La Galerie Perrotin, Paris est heureuse de présenter la première exposition monographique à Paris de Park Seo-Bo, figure majeure de la peinture coréenne et membre fondateur du mouvement monochrome Dansaekhwa. L'exposition dont le commissariat a été confié à Kim Yongdae, ancien directeur du Musée d'art de Daegu, présente 40 peintures de la série « Ecriture », réalisées entre 1974 et 2014.

L'exposition, qui occupe les deux étages du 76 rue de Turenne, reflète l'intérêt profond qui existe à travers le monde pour la peinture coréenne – intérêt qui s'est manifesté notamment par de grandes expositions telles que « Dansaekhwa : la peinture monochrome coréenne » au Musée National d'Art Contemporain de Séoul (2012) et, plus récemment, à Rome, New York et Los Angeles. Cette exposition à la Galerie Perrotin, Paris a une signification particulière pour l'artiste. En 1961, il vient une première fois à Paris pour participer à « Jeunes Peintres du Monde », le concours organisé par l'UNESCO, et apprend à son arrivée que la date de l'événement a été reporté. Mais il décide de rester en France pour voir notamment les oeuvres des artistes informels, qui occupent la scène artistique de l'époque. Cette expérience d'un an et sa participation à la Biennale de Paris en 1963 ont eu une influence considérable sur son travail, jetant les bases d'une syntaxe unique, qui aboutit à la série « Ecriture ».

Après avoir lui-même réalisé des oeuvres inspirées de l’art informel à la fin des années 1950, Park Seo-Bo s'oriente vers des oeuvres qui s'attachent au geste expressionniste, comme avec les séries « Primordialis » et « Hereditarius » au début des années 1960. La série « Ecriture », qu'il qualifie de « voyage de la main », commence au milieu des années 1960 et marque un nouveau chapitre dans son univers artistique. Dans les premières oeuvres d'« Ecriture », l'artiste couvre ses toiles de peinture à l'huile gris clair ou crème et trace des lignes continues au crayon sur les surfaces encore humides. Par cet acte répétitif et physique, rythmé par son corps, il y inscrit son univers spirituel. Au début des années 1980, Park a recours au hanji, un papier coréen traditionnel, afin de souligner davantage encore l'importance du matériau. Il superpose des couches de hanji humide sur la toile, sature les épaisseurs d'aquarelle, puis marque la surface du papier avec ses doigts ou des outils, poussant la matière et créant des traces et des reliefs. Ce procédé génère une énergie, qui se propage sur toute la toile. Les oeuvres ultérieures introduisent des éléments structurels à la forme plus verticale, et une atmosphère plus méditative et plus sobre s'impose. Dans son essai, Barbara Bloemink souligne la « tridimensionnalité » de ces travaux, vus de près et de côté, avec le papier poussé vers le haut le long de lignes incisées. Une transition se produit alors, des couleurs achromatiques neutres et ascétiques initiales vers des couleurs communiant avec la nature, d'où elles sont issues, comme la « couleur de l'eau », qui dégage une saveur simple et subtile rompant avec les couleurs artificielles.

Comme l'explique Barbara Bloemink, on a souvent considéré Park comme un minimaliste. Mais son intention diffère nettement du minimalisme occidental dans son inscription et son interprétation, manifestes de la philosophie et de la sensibilité orientale. Les oeuvres de Park résultent d'une profonde réflexion et d'une grande énergie physique, incitant le public à dépasser la simple appréciation visuelle pour comprendre et éprouver pleinement les oeuvres avec son esprit. Ce procédé intense et sans fin consistant à se vider de soi reflète la conviction de Park que « le moins incarne le plus » et marque sa conception de « l'art » comme procédant d'une discipline de l'esprit. Dans un touchant hommage à l'artiste, le célèbre critique d'art français Pierre Restany suggérait en 1994 qu'Yves Klein et Park Seo-Bo « différaient de par leur destin et non de par leur nature ». Selon Restany, l'énergie explosive de Klein se consume et tend vers un vide cosmique. En revanche, il ne voit pas Park Seo-Bo comme pris par un telos, mais comme se tenant et luttant dans ce que Restany appelle « l'identité biologique de la totalité ».

Park Seo-Bo (né en 1931, Yecheon, Corée) est diplômé du département de Peinture Occidentale à l'Université de Hongik, Séoul, où il dirigea le College of Fine Arts. Ses oeuvres sont présentes dans d'importantes collections publiques dont celles de la DIA Art Foundation aux Etats-Unis; le FNAC (Fonds National d’Art Contemporain) en France; le Museum of Contemporary Art, Tokyo et le Fukuoka Art Museum au Japon; le National Museum of Modern and Contemporary Art, le Seoul Museum of Art, et le Leeum, Samsung Museum of Art en Corée. De nombreuses expositions personelles lui ont été consacrées dont au Daegu Art Museum (2012) et au Busan Museum of Art (2010) en Corée, au Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne Métropole (2006-2007), et au National Museum of Contemporary Art, Gwacheon, Corée (1991). Park a également participé à de nombreuses expositions collectives comme au Carlo Bilotti Museum, Rome (2013), au National Museum of Contemporary Art, Corée (2012), au Singapore Art Museum (2008-2009), à Tate Gallery Liverpool (1992), à la Biennale de Venise (1988) et à la Biennale de Paris (1963).

Kim Yongdae est un commissaire d'expositions indépendant et écrit sur l'art. Né à Seoul en 1955, il est diplômé du département des Beaux Arts de l'Université de Hansung à Séoul et a étudié la théorie de l'art à New York University, New York. Il a travaillé au Leeum, Samsung Museum of Art en Corée de 1987 à 2003 en tant que Senior Curator. Il a ensuite été Directeur du Busan Museum of Art de 2004 à 2006 et Directeur du Daegu Museum of Art en Corée de 2010 à 2012.