La première exposition de Kim Chong Hak à la galerie Perrotin rend hommage à la longue carrière de l’artiste, débutée il y a plus de cinquante ans. Présentant une vingtaine d’œuvres du peintre, elle révèle ses récentes acryliques sur toile, des œuvres représentatives des années 1980 et des dessins jamais exposés jusqu’à présent. Connu sous le nom du « peintre de Seorak », Kim évoque dans ses toiles le Mont Seorak (troisième plus haute montagne de Corée, située à l’est du pays) au travers de motifs de fleurs, d’insectes et d’herbes sauvages.

Âgé de 82 ans, Kim a conservé le même geste artistique : coups de pinceau bruts et rapides et mains trempées dans la peinture badigeonnant la toile. Les peintures de Kim nous transportent vers un autre monde dans lequel la nature est réorganisée selon les expériences et les sensations de l’artiste, s’extrayant des limites temporelles et des cycles de vie et de mort. Ses paysages se détachent de la perspective pour devenir intensément bidimensionnels. La vigne et les herbes sauvages s’entremêlent sur la toile dans la lumière; les fleurs sont écloses et représentées de face dans des teintes vives ; les libellules et les papillons remplissent les espaces vides restants, créant ainsi des compositions denses qui suscitent l’émerveillement.

Le développement de l’œuvre de Kim Chong-Hak s’articule autour de trois périodes principales. De 1960 à 1978, il adopte, explore, puis rejette le modernisme occidental. De 1979 à 1986, il entame une transition dans sa démarche en combinant nature et esthétique traditionnelle coréenne. C’est à partir de 1987, lorsque Kim s’installe définitivement au Mont Seorak, qu’il entre dans sa période de maturité, choisissant pour thème les montagnes, les rivières et les océans.

En présentant des peintures et des dessins représentatifs du travail de Kim, l’exposition illustre le développement de son discours artistique qui revisite des thèmes récurrents. Dans la plus grande peinture présentée, longue de huit mètres, Kim fait ouvertement référence à Herbes folles et Rivière, deux œuvres de 1987 qui représentent également un paysage verdoyant composé d’arbustes recouvrant ici le mur de la galerie. Outre les toiles monumentales, une série de dessins met en lumière, pour la première fois, le processus artistique de Kim. De ses promenades au Mont Seorak, l’artiste a esquissé, au crayon ou à l’encre, les impressions que la nature lui procurait. Il les a modelées dans la forme, la couleur et la structure pour qu’elles s’ajustent à sa peinture expressionniste. Kim considère son art comme « une nouvelle peinture figurative basée sur une peinture abstraite » et crée, dans ses toiles, une composition sans distinction qui reflète sa dévotion, même pour les plus infimes sujets d’émerveillement. Le Mont Seorak est pour Kim ce que la Montagne Sainte-Victoire était pour Cézanne et ce que Tahiti était pour Gauguin. En entrant dans la galerie, les visiteurs comprennent la vénération de Kim pour la nature. Il y a une certaine exubérance primitive dans la végétation démesurée. Elle exprime le renouveau et la régénération tout en évoquant l’esprit dynamique de l’artiste et sa célébration festive de la nature sous toutes ses formes.

Kim Chong Hak (né en 1939, à Shinuijoo, en Corée du Nord) est une figure éminente de l’art contemporain coréen. Il a exposé au Musée Guimet de Paris ; à la galerie Tomio Koyama de Tokyo; au Musée National d’Art Contemporain de Gwacheon, parmi d’autres institutions coréennes majeures. Ses œuvres sont présentes dans plusieurs collections importantes, dont celles du Leeum Samsung Museum of Art à Séoul; du Musée National d’Art Contemporain de Séoul; du Seoul Museum of Art à Séoul; et du Busan Museum of Art, à Busan en Corée.